Essai de la Lexus RC F : sportivité affirmée, luxe préservé

En évoquant Lexus, on pense davantage à d’imposantes berlines luxueuses qu’à une sportive au cœur palpitant au rythme des élucubrations de ses huit artères. Et pourtant, ce n’est pas la première fois que Lexus s’essaye à ce genre de facétie mécanique.

Vous souvenez-vous de la Lexus IS F ? De la terrible Lexus LFA et ses incroyables vocalises dues à son moteur V10 ? Aujourd’hui la Lexus LFA n’est plus, place désormais à un moteur non plus noble mais « simplement » bourgeois dans une toute autre catégorie, puisque maintenant la Lexus RC F symbolise à elle seule la sportivité chez Lexus. Une GT qui succède donc à une supercar dans l’optique d’être aussi plus abordable et de viser un panel beaucoup plus large.

Marque premium affiliée à Toyota, Lexus est actuellement en pleine progression et propose aujourd’hui des modèles à vocation sportive. Au sein de la marque, le sigle F est gage de sportivité à l’image de ce qu’est AMG pour Mercedes, Motorsport pour BMW ou encore RS pour Audi.

Pour la petite histoire, la lettre F a été choisie pour le terme anglais flagship (porte-drapeau en anglais) mais également en l’honneur du circuit Fuji Speedway.

Essai Lexus RC F : premières impressions

Agressive semble être l’adjectif qui la caractérise le mieux. Les critères de beauté d’une voiture sont subjectifs, mais force est de constater que cette Lexus RC F ne peut clairement pas être caractérisée comme belle, un peu à l’image des Lamborghini actuelles (retrouvez notre essai de la Lamborghini Gallardo Spyder ici même) ou de la récente Honda Civic Type R.

C’est une voiture pleine de caractère, s’exprimant clairement à travers ses lignes sculptées avec, en tête, cette immense calandre trapézoïdale caractérisant les derniers véhicules de la gamme. Seule différence avec ses homologues, la grille de calandre qui change et adopte un maillage exclusif.

Aussi longue qu’une berline, son imposant gabarit est dissimulé grâce à des lignes tendues se projetant vers l’arrière. L’arrière est somme toute légèrement plus conventionnel par rapport à la face avant : seuls son diffuseur et sa quadruple sortie d’échappement sont présents pour rappeler que sous cet immense capot se cache un monstrueux moteur V8.

Essai Lexus RC F : vie à bord

Concernant l’habitacle, nous constatons qu’il n’est pas vraiment à la hauteur de nos espérances. Non pas que les matériaux et les assemblages soient de piètre qualité, bien au contraire, mais du point de vue de l’ergonomie et de l’organisation, il y a réellement un effort à consentir. La disposition de l’écran, des aérateurs, des commandes de ventilation, du pad… il est très compliqué de s’y retrouver au premier abord. Il en est de même pour le système multimédia embarqué : malgré des menus très clairs, une fois que l’on s’immisce dans la partie navigation ou au niveau des réglages sonores par exemple, il sera nécessaire de vous y reprendre à plusieurs reprises avant de comprendre intégralement leur fonctionnement.

Après ces quelques points négatifs, un énorme point positif pour les sièges baquet : enveloppants à la perfection, ils sont en plus de cela magnifiques et d’une qualité de fabrication rare. La sellerie gris clair que nous possédions casse parfaitement l’ambiance assez austère qui règne en son sein. Les passagers arrière seront autant vernis, avec cependant un espace aux jambes assez restreint. Forcément, cela a une influence sur le volume du coffre (366 litres), une contenance assez étonnante pour une sportive, puisqu’elle est semblable à celle d’une berline compacte.

Autre point positif : le combiné d’instrumentation où là, surprise, la lecture est on ne peut plus simple et claire. L’ensemble des informations liées à la voiture sont ainsi disponibles sous les yeux du conducteur, préservant l’ambiance sportive que dégage cette GT à la technicité pointue.

Essai Lexus RC F : sous le capot

Chose rare aujourd’hui, pas de turbo associé à ce gros moteur V8. Un moteur que l’on connait déjà bien puisqu’il équipait déjà la Lexus IS F. Cependant, Lexus a fortement remanié son sujet en changeant un certain nombre de pièces mobiles. L’alimentation d’une part est revue avec une bi-injection D4-S qui augmente par ailleurs le taux de compression à 12,3, associé à la technologie VVT-iE, une admission à commande électrique permettant la levée variable des soupapes à l’admission et forcément, désormais à l’échappement.

Ces améliorations profitent donc à la puissance de ce V8 : le bloc gagne 54 chevaux par rapport à celui présent sous le capot de la Lexus IS F. Ce « nouveau » moteur est aussi beaucoup plus souple et adopte une large plage d’utilisation. Grâce aux différents modes (Eco, Sport et Sport+), nous pouvons très bien être sur le sixième rapport à 50 km/h comme sur le troisième à 170 km/h. En dessous de 4.000 tr/min, il est clair qu’il est difficile de se faire plaisir à son volant. Au dessus, c’est avec un feulement propre aux motorisations V8 atmosphériques que nous emmenons avec plaisir la voiture au delà de 7.000 tr/min, le huit-cylindres hurlant à la mort jusqu’au prochain claquement de rapport.

Les passages de rapports justement, ils sont assurés par une boite automatique à huit rapports développés par Aisin et remaniée par Lexus. Un remaniement visiblement pas vraiment au point, tant la gestion est hasardeuse. Rien à dire par contre au niveau de la vitesse des passages (100 ms en mode Sport+) mais il semblerait qu’elle ne fasse pas la différence entre conduite coulée et conduite sportive. Quand nous souhaitons monter dans les tours, nous nous faisons surprendre par une boite trop réactive qui n’accepte pas vraiment de monter haut jusqu’au sommet. Même chose quand nous descendons deux rapports grâce aux palettes, la boîte ne semble pas prête à être sollicitée et dégage une certaine forme de nonchalance sans pour autant rebuter notre demande.

Essai Lexus RC F : sur la route

Avec un huit-cylindres disponible à la simple pression de votre pied sur la pédale de droite, cela donne forcément quelques idées. Lexus a fait le choix d’opter pour des suspensions classiques, un choix plutôt surprenant quand on sait qu’avec un amortissement piloté, la voiture aurait été plus efficace. Pour autant, le confort nous a agréablement surpris, même à vitesse soutenue, la prise de roulis est inexistante, la voiture est parfaitement posée sur ses quatre roues et ne bouge pas d’un poil.

L’autobloquant TVD (à répartition vectorielle de couple) fourni par ZF, facilite lui aussi grandement la conduite de cette GT. Par rapport à un Torsen classique qui ne freine que la roue intérieure, le TVD va contrôler indépendamment chaque roue à intensité d’accélération et de freinage équivalente. De ce fait, les freins sont beaucoup moins sollicités, attention cependant à ne pas trop en demander à cette Lexus RC F qui a l’agréable tendance à décrocher, et, propulsion oblige, on prend un malin plaisir à faire glisser la voiture sans pour autant se donner de sueurs froides au moment ou il faut remettre les roues droites.

Normal, Slalom et Track sont les trois modes de vectorisation disponibles, et le comportement de l’auto change du tout au tout. Le mode Normal permet d’adopter une conduite coulée sans jamais se faire surprendre (sur route humide par exemple), tandis que les deux autres imposent un coup de volant assuré. Un coup de volant parfois difficile à appréhender : la direction est précise, incisive, mais semble perdre en consistance à vive allure. Rien de dramatique, mais nous aurions aimé davantage faire corps avec la voiture, de même pour la pédale de frein à la course trop longue, qui demande un bon temps d’adaptation.

Essai Lexus RC F : en bref

À un tel niveau de prix et avec une telle fiche technique, nous sommes en droit de réclamer beaucoup à cette Lexus RC F. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle répond à nos attentes malgré quelques petits défauts notables relevés ci-dessus, mais ne boudant cependant pas notre plaisir à son bord. Qui bouderait d’ailleurs l’un des rares V8 atmosphériques encore disponibles sur le marché ?

Même si la majeure partie des ventes de ce gros jouet se fera aux Etats-Unis, Lexus entend bien écouler quelques modèles en Europe. La BMW M4 sera bien entendu sa principale rivale sur le segment, et la RC F n’a certainement pas à rougir face à la référence des berlines sportives.

Le comportement joueur elle l’a, la ligne elle l’a, le confort elle l’a, le moteur elle l’a… Il ne lui manque peut-être plus qu’un léger régime afin de lui faire perdre quelques kilos, et une boîte automatique mieux gérée afin que cette RC F puisse bousculer la hiérarchie. En guise de conclusion, nous ne pouvons que remercier Lexus de proposer une vraie sportive par les temps qui courent, d’autant plus que la politique de la marque, proposant majoritairement des véhicules hybrides, n’est pas franchement en adéquation avec la philosophie de cette surprenante Lexus RC F.

Essai Lexus RC F : Fiche Technique

• Année de lancement : 2014
• Prix de base : 79.790 €
• Prix du modèle essayé : 93.290 €

Équipements du modèle essayé – Finition GT :

• Cuir semi-aniline Gris Clair & inserts Fibre Métallique
• Différentiel arrière à répartition vectorielle de couple (TVD)
• Jantes en aluminium forgé 19″ à 10 branches jumelles
• Peinture métallisée « Bleu Saphire »
• Sellerie en cuir semi-aniline
• Système Audio à 17 haut-parleurs Mark Levinson® Premium Surround avec lecteur simple CD/DVD
• Système de Navigation Premium avec cartographie européenne sur carte SD
• Toit ouvrant électrique entrebâillant et coulissant

Photos : essai de la Lexus RC F (2015)

Remerciements chaleureux à toutes les équipes de Toyota – Lexus France, pour leur confiance et le prêt de la Lexus RC F !