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Essai de la Lamborghini Gallardo Spyder : puissance maîtrisée

Photo essai Lamborghini Gallardo Spyder

A sa sortie, au milieu des années 2000, la Lamborghini Gallardo jouait des coudes avec les Ferrari F430 Spider (retrouvez ici notre essai de la Ferrari F430 Spider) et les Porsche 911 Turbo afin de savoir qui de l’Italie ou de l’Allemagne allait tirer son épingle du jeu. Lamborghini a fait un choix bien plus ingénieux. Après son rachat en 1998 par Audi, la Gallardo possède des gènes issus de deux pays à la culture automobile très différente ayant comme seul point commun : le plaisir de conduire allié à la performance.

La version Spyder de la Lamborghini Gallardo arrive peu après la sortie du Coupé venu concurrencer à la base une certaine Ferrari 360 Modena vieillissante, qui, finalement, sera remplacée dans la foulée par la F430. Autrefois très compliquées à conduire, les Lamborghini Diablo et Murcielago, pour ne citer qu’elles, étaient plutôt destinées aux riches amateurs de sorties dominicales sur circuit ou aux professionnels. Passée sous la houlette des quatre anneaux, la Gallardo fût l’une des premières Lamborghini « conduisibles » où il n’était pas nécessaire d’être un pilote aguerri afin de profiter pleinement des dix cylindres.

A Sant’Agata Bolognese, les allemands ont apporté les fonds nécessaires à la pérennité d’un héritage indispensable à la continuité de la marque au taureau. En alliant leurs compétences, italiens et allemands ont pour objectif de façonner l’une des plus belles et l’une des voitures les plus performantes au monde, et cela sans que Lamborghini ne perde son âme. Verdict dix ans plus tard : mission accomplie.

Essai Lamborghini Gallardo Spyder : premières impressions

Photo 3/4 arrière Lamborghini Gallardo Spyder

Le responsable de cette folie visuelle est l’œuvre du designer Luc Donckervolke, responsable du style chez Lamborghini. Il s’est inspiré d’un avion de combat, en basant tout le design de la Gallardo sur l’absence de matière. Sans aucune rupture de volume, l’avant et l’arrière sont pratiquement à l’uniforme avec des lignes tendues, comme taillées à grands coups de serpe. Dans son dessin, la Gallardo puise sa genèse de la Lamborghini Countach avec des formes très sculpturales ne laissant place à aucune rondeur risquant de faire paraître cette Lamborghini trop sage.

Tel un avion sans ailes, posé sur des jantes de 19 pouces, la Lamborghini Gallardo est plutôt compacte avec une longueur de 4,30 mètres la rendant plus courte qu’une Ferrari 360 Modena, F430 et qu’une Porsche 996. Dans sa version Spyder, il vous faudra faire un choix : partir en version capoté avec le toit ou bien laisser le toit à la maison et profiter de la voiture cheveux au vent en espérant que la pluie ne s’invite pas à la promenade de votre taureau.

En effet, le toit est impossible à transporter en raison d’un manque de place. Mais il est possible de partir en week-end prolongé en Lamborghini puisque les ingénieurs ont pensé à vous offrir un espace de rangement appréciable, capable d’accueillir deux valises. Autre point à préciser, point de portes à ouverture en élytre, Lamborghini préfère réserver cela aux modèles équipés d’un V12, sûrement plus nobles, mais au vu du poids de la portière finalement, de banales ouvertures pivotantes suffisent.

Essai Lamborghini Gallardo Spyder : vie à bord

Photo intérieur Lamborghini Gallardo Spyder

C’est bien à bord que l’on ressent pour le coup la patte allemande imposée par Audi. Là ou une Lamborghini Diablo souffrait d’un intérieur d’une qualité discutable (pour ne citer qu’elle), celui de la Gallardo, même une décennie passée, est toujours dans l’air du temps. Les multiples interrupteurs, boutons et commodos sont directement tirés des grosses berlines allemandes sans pour autant dénaturer «l’univers» Lamborghini.

Les matériaux utilisés et l’assemblage sont de très bonne qualité, tout comme l’instrumentation déjà très bien fournie pour l’époque. Nous retrouvons forcément quelques basiques avec la climatisation, des sièges en cuir, quelques surpiqûres du ton de la carrosserie ainsi qu’une ambiance lumineuse rouge affirmant la sportivité de l’engin.

Si nous devions reprocher une chose à cette Gallardo, ce serait sa position de conduite assez inconfortable. Là où Ferrari nous a étonnement séduit avec sa F430, ici, Lamborghini se contente de simples baquets plutôt bons mais dont la position s’avère plutôt étrange puisque déjà à cette époque, comme sur la plupart des Audi d’aujourd’hui (et bon nombre de voitures en général), un œil aguerri aura remarqué que le volant n’est pas en face de son pilote. Un détail perceptible en y faisant vraiment attention d’autant plus que dans cet intérieur ou tout est plutôt étriqué, le moindre détail peut s’avérer de suite inconfortable comme par exemple le repose-pied bien trop près du siège. Heureusement, votre pied gauche pourra prendre lieu et place de la pédale d’embrayage absente sur notre modèle d’essai.

Essai Lamborghini Gallardo Spyder : sur la route

Photo face avant Lamborghini Gallardo Spyder

Avant de s’attaquer à la route, faisons un bref aparté sur le bloc V10 qui remplace le traditionnel V12 habituellement installé dans les Lamborghini. Placé en position centrale arrière, ce moteur badgé Lamborghini n’a plus grand chose de Lamborghini puisque celui-ci est forgé à Cosworth Technology avant d’être assemblé à Györ en Hongrie, un cycle de fabrication bien connu de certains blocs du groupe VAG.

Ce nouveau moteur à l’angle plus ouvert (90°) a permis d’abaisser le centre de gravité de la voiture et de mieux répartir sa charge sur le châssis. Une technologie issue des Formule 1 de l’époque, et dont l’optimisation avec un double arbre à cames à calage varié a permis d’améliorer le rendement durant les phases d’admission et d’échappement.

La boite de vitesses robotisée à 6 rapports E-gear est plutôt bien étagée, bien qu’un poil lente à mon goût. Étonnant quand on connait l’origine de la boite provenant de chez Magnetti-Marelli qui s’occupe également des boites de vitesses pour Ferrari. Trois interrupteurs sont placés au centre de la console centrale afin de gérer la boite : automatique, normal et sport. Autant vous dire d’emblée que les deux premiers ne m’intéressent aucunement puisqu’ils privilégient le confort en passant les rapports automatiquement pour le premier mode et à l’approche du rupteur pour le second. Le troisième réduira d’une part les temps de passage de 210 ms à 170 ms et permettra davantage de s’amuser avec le V10 qu’il faudra aller chercher bien haut dans les tours avant de le faire chanter.

Lourde : c’est le premier adjectif me venant en tête à son volant. Non pas que son poids de 1,5 tonnes ne soit un handicap, mais la direction n’est vraiment pas calibrée pour une utilisation conventionnelle. La Lamborghini Gallardo est une voiture de piste avant tout : au comportement permissif, très simple à prendre en main mais aucunement dédiée à autre chose qu’à de longues lignes droites et quelques épingles pas trop serrées afin de ne pas perdre trop de vitesse à cause d’un différentiel autobloquant mécanique sur l’essieu arrière faisant un peu trop bien son travail.

Un travail a également été effectué au niveau de la répartition des masses (42% à l’avant 58% à l’arrière) nécessitant obligatoirement le différentiel afin que l’arrière ne passe devant l’avant de la voiture sur une entrée en courbe mal maitrisée. Déjà à l’époque, la Gallardo était équipée également d’un contrôle de stabilité désactivable, mais qui se réactive automatiquement lors d’un freinage musclé, nous laissant croire qu’il y a déjà dix ans nous n’étions plus les seuls pilotes à bord. Problème que l’on retrouve toujours aujourd’hui sur certaines Audi trop aseptisées pour s’amuser sur circuit mais permettant l’accès à la piste aux plus novices sans se faire les mêmes frayeurs qu’à bord d’une BMW M4.

Essai Lamborghini Gallardo Spyder : en bref

Photo essai Lamborghini Gallardo Spyder

Synthèse entre une voiture de sport et une voiture utilisable au quotidien d’après Lamborghini, il y a certes un peu de vrai comparé aux précédents modèles, mais à l’instar d’une Ferrari 360 Modena ou d’une F430, la Lamborghini Gallardo est difficilement utilisable en dehors d’un circuit. Après plus de dix ans de carrière, son design intemporel interpelle toujours autant les foules mais il était temps qu’elle cède enfin sa place à une nouvelle génération de taureau de combat : la Lamborghini Huracán.

Brutal, son comportement force son pilote à manier cette voiture avec dextérité sans jamais que la machine ne prenne le dessus sur l’homme. Pour cela, les multiples (et trop nombreuses) aides à la conduite font de la Gallardo une voiture de sport plus conventionnelle, mais il n’en reste pas moins que malgré des amortisseurs et une boite perfectible, l’excellence du bloc V10 atmosphérique de 5.0 litres de cylindrée couplée à une gueule unique font de cette Lamborghini une voiture tout à fait exceptionnelle, à la frontière entre une GT et une pure sportive.

Essai Lamborghini Gallardo Spyder : Fiche Technique

Photo tableau de bord Lamborghini Gallardo Spyder

  • Moteur : Centrale arrière, V10 5.0 litres atmosphérique, 4.961 cm3, 40 soupapes, injection multipoints
  • Puissance : 520 ch DIN (382 kW) à 7.800 tr/min
  • Puissance fiscale : 45 CV
  • Couple moteur : 510 Nm de 4.500 tr/min
  • 0 à 100 km/h : 4 secondes
  • Vitesse maxi : 313 km/h
  • Transmission : Transmission intégrale
  • Boite de vitesses : Automatique à 6 rapports
  • Pneus : 235/35 R19 à l’avant, 295/30 R19 à l’arrière
  • Freins : Disques percés et ventilés (365 mm) à l’avant, disques percés et ventilés (335 mm) à l’arrière
  • Suspensions avant & arrière : Triangles et trapèzes superposés, barre antiroulis
  • Longueur : 4.300 mm
  • Largeur : 1.900 mm
  • Hauteur : 1.180 mm
  • Empattement : 2.560 mm
  • Volume de coffre : 110 litres
  • Poids à vide : 1.570 kg
  • Consommation Urbaine : 24,8 l/100km
  • Consommation Extra-Urbaine : 12,4 l/100km
  • Consommation Mixte : 17 l/100km
  • Capacité Réservoir : 90 litres
  • Emissions de CO2 : 420 g/km (Malus : +8000 €)
  • Année de lancement : 2006
  • Prix de base : 192.988 €
  • Prix du modèle essayé : 192.988 €

Photos : essai de la Lamborghini Gallardo Spyder

Remerciements chaleureux à l’entreprise « SuperCar RoadTrip », pour leur confiance et le prêt de la Lamborghini Gallardo Spyder !

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Yann Lethuillier

Mange du pneu, boit de l'essence et dort sur l’asphalte.

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