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Essai Alpine A110 : retour aux sources

Photo essai Alpine A110 (2019)

Renaissance d’un mythe, la nouvelle Alpine A110 rend un glorieux hommage à la berlinette éponyme des années 1960. French Driver a pris le volant, le temps d’un essai, de cette nouvelle sportive française !

La petite société Alpine vit le jour à Dieppe en 1955, grâce à Jean Rédelé, concessionnaire Renault, en référence à ses succès sur les routes alpines. Peu après, la première Alpine A110 fut lancée en 1962 au salon de Paris, et produite jusqu’en 1977 à 7 176 exemplaires.

En 1995, la production Alpine s’arrête avec l’A610, vendue à seulement 14 exemplaires cette année-là. Il s’écoulera ensuite 17 ans avant que Renault ne relance le projet et la marque Alpine, en 2012. Puis, le 15 décembre 2017, la production reprend sur le site de Dieppe, avec la toute nouvelle Alpine A110.

French Driver vous invite à découvrir la berlinette revisitée à l’occasion d’un essai sur les routes de la côte Normande…

Essai Alpine A110 : premières impressions

Photo essai Alpine A110 Pure (2019)

Force est de constater qu’en matière de design, différents courants s’opposent : soit la recherche perpétuelle de nouveauté, ou alors une forme de classicisme ou conservatisme. Dans ce dernier courant, le néo-rétro, que l’on définit comme un objet moderne conçu pour ressembler à un objet d’époque, fonctionne à merveille. Les succès commerciaux de l’intemporelle Porsche 911, ou le retour des Mini ou autres Fiat 500, donnent raison à cette impulsion.

La nouvelle Alpine A110 reprend avec talent les traits de sa devancière, plus de 50 ans après son lancement. Tous les codes stylistiques sont présents : calandre à 4 phares, ligne de toit, lunette arrière, arêtes sur les portières… Aucun doute n’est possible sur ses origines, et elle apparait comme une renaissance de l’A110 d’antan.

Il faut l’admettre, elle est très belle cette Alpine : compacte, équilibrée et une belle petite « gueule » de sportive. Les petits drapeaux tricolores sur les arches de toit ou sur les capitonnages de portes, ainsi que les logos Alpine redondants, valorisent l’ensemble, de même que cette teinte spéciale très judicieusement baptisée « Bleu Alpine » (en option à 1 800 €), qui lui sied à merveille, sans oublier les jantes Fuchs forgées de 18 pouces (également proposées en option à 1 800 €) qui accentuent sa sportivité.

Essai Alpine A110 : vie à bord

Photo volant cuir Alpine A110 Pure (2019)

S’installer à bord ne demande pas d’être contorsionniste, comme dans une Lotus par exemple, et l’espace intérieur est généreux. Pour une auto dont le gain de poids était un critère prédominant, la présentation intérieure flatte l’œil : les garnitures de portes, mariant couleur carrosserie, simili cuir et drapeau tricolore, sont séduisantes. Les très esthétiques sièges baquet sport Sabelt offrent un très bon maintien, sans pour autant sacrifier le confort.

L’ambiance intérieure est dans l’ensemble agréable, même si certains détails ne sont pas très qualitatifs : en effet, certains plastiques ne sont pas très valorisants, mais le concept étant d’obtenir la voiture la plus légère possible, on ne peut pas vraiment lui reprocher.

De manière générale, l’intérieur est bien réalisé : surpiqûres bleues, petit volant avec témoin bleu à midi, cockpit digital, son écran central, ainsi qu’une une magnifique console centrale en forme d’arche, qui offre un petit bac de rangement dans sa partie inférieure. Il est important de le signaler car c’est la seule possibilité de rangement : il n’y a ni boîte à gants, ni bacs de portières, et cela devient vite agaçant si vous avez des objets à poser.

Photo intérieur Alpine A110 Pure (2019)
Photo sièges avant Alpine A110 Pure (2019)

Alpine vous propose bien un Pack Rangement à 504 €, mais il ne s’agit que d’une pochette située entre les deux sièges sur la paroi arrière. Optez plus volontiers pour les deux boîtes scratchées au sol, sur le côté de chaque siège.

Les sièges sport, de série sur la Pure, offrent un maintien parfait et un confort très correct. Ils sont pré-réglables en hauteur (sur 3 niveaux), mais pas en inclinaison. On y trouve tout de même facilement une bonne position de conduite, car le volant est réglable en hauteur et en profondeur.

Le cockpit digital dispose quant à lui de trois modes de présentation, associés au mode de conduite (Normal, Sport, Track) :

Photo combiné compteurs Alpine A110 Pure (2019)
Photo combiné mode Sport Alpine A110 Pure (2019)
Photo combiné mode Track Alpine A110 Pure (2019)

Pour les détails qui fâchent, on trouve l’horrible commodo de réglage de la radio sur la colonne de direction, digne d’une Twingo, ou encore la carte-clé pas vraiment dans le ton d’une auto exclusive. À ce propos, la réception radio est assez mauvaise, en raison d’une antenne de pare brise qui ne semble pas très efficace.

Notre véhicule, équipé en option du système « Alpine Telemetrics » à 204 €, vous fournit une multitude d’informations sur les paramètres moteur, pression de freinage, éclaté de la boîte de vitesse, … Et vous saurez donc tout ce qui se passe sous le capot. L’écran central n’est toutefois pas très intuitif et un peu lent à la détente, et il sera préférable de bien étudier la documentation technique avant d’aller trifouiller l’écran tout en conduisant.

L’ergonomie, héritée des autres modèles Renault, pourrait être mieux soignée : la position du bouton du régulateur, sous le coude sur la console centrale, alors que les commandes sont sur le volant, n’est pas très logique. Les différentes recherches de menu dans le cockpit digital ne sont également pas très intuitives.

Photo coffre avant Alpine A110 Pure (2019)
Photo coffre arrière Alpine A110 Pure (2019)

De même, pour faire un appoint d’huile, il faut retirer la lunette arrière et retirer le capitonnage pour accéder au remplissage. On a connu plus pratique.

Au niveau de sa capacité de chargement, les petits coffres (d’une capacité de 100 et 96 litres) offrent en cumulé une contenance suffisante pour un week-end entre amoureux ou entre copains. Alpine a d’ailleurs prévu en accessoire les valises adéquates et assorties.

Au final, tous ces petits détails pourraient être améliorés, mais l’intérieur est globalement bien en phase avec l’esprit de la petite sportive.

Essai Alpine A110 : sur la route

Photo essai route Alpine A110 Pure (2019)

À ce moment précis, le charme opère : l’ensemble châssis/carrosserie tout en aluminium permet de contenir le poids de l’Alpine A110 à 1103 kg (DIN). Cette valeur mesurée oscille entre 1 110 et 1 130 kg en fonction des options qui équipent le véhicule. Cette valeur est remarquable, et seules les lotus Elise et Alfa Romeo 4C font mieux, mais au prix d’un inconfort certain et sans offrir la polyvalence de l’Alpine.

Son petit moteur turbocompressé de 1,8 litre emprunté dans la banque d’organes Renault Sport, et que l’on retrouve notamment sous le capot de la Renault Espace et de la Renault Mégane R.S., rentre au chausse pied dans le compartiment central. Autant il ne nous avait pas franchement emballé dans la Mégane R.S., mais là, il trouve tout son sens dans l’Alpine A110.

Sur le papier, il ne développe « que » 252 chevaux, mais notons que certains confrères l’ont en pratique mesuré à plus de 270 chevaux au banc de puissance. L’histoire ne nous dira pas si certains modèles d’essai presse ont bénéficié d’un petit supplément de puissance, ou si Renault s’est montré particulièrement généreux sur les modèles de série.

Quoi qu’il en soit, le moteur pousse fort dans le poids plume. L’auto s’arrache des feux rouges comme un lièvre, et ce sans hésitation. On ressent bien un petit lag du turbo, sur les reprises, qui retarde un peu l’accélération : en dessous de 1 800 tr/min, le turbo n’est en effet pas très présent, mais une fois passé ce régime, les reprises sont très correctes, même sur le 7ème rapport.

Niveau chiffres, le 0 à 100 km/h est abattu en 4,5 secondes et le 1 000 mètres départ arrêté est annoncé en 23,2 secondes, tandis que la vitesse maximale est limitée à 250 km/h. On ne ressent pas de problèmes de motricité même sur route humide, le différentiel électronique intervenant discrètement.

Photo essai routier Alpine A110 Pure (2019)

La sonorité du moteur est plaisante et l’échappement sport (1 500 €) apporte des accents rauques et quelques pétarades. Pour en profiter, il faudra passer du mode Normal au mode Sport, par une simple pression sur l’immanquable bouton Sport rouge situé sur le volant. Si vous en voulez plus, il faudra rester appuyé sur ce bouton trois secondes, et vous passerez en mode Track, qui vous décalera les limites de l’ESP et de la réponse moteur. L’échappement est plus présent sur ces deux derniers modes, et vous gratifiera de pop, pop, pop à chaque levée de pied : amusant, avec toujours la possibilité de le désactiver lorsque l’on se lasse.

La boîte double embrayage à 7 rapports, bien étagée, s’exécute rapidement, sans être au niveau d’une PDK. Elle est toutefois suffisamment rapide, et la réactivité de la commande, que ce soit en montée ou en descente, est très bonne. En restant appuyé sur le « Drive », un mode de passage manuel des rapports aux palettes est enclenché.

Ce qui étonne le plus sur cette nouvelle Alpine A110, c’est sa polyvalence et sa facilité de prise en main, et en particulier son confort. Certes, elle est un peu souple pour la piste, mais sur la route, c’est un compromis idéal qui vous permettra d’aller très vite sur petites routes, en toute décontraction. Alpine a opté, comme pour la Mégane R.S., pour une suspension à butées hydrauliques : ce choix apporte l’avantage d’un système moins onéreux et plus léger, et en contrepartie il n’y a, évidemment, pas la possibilité de modifier la dureté de l’amortissement.

La direction, un peu souple, est assez communicative, et les Michelin Pilot Sport 4 offrent un excellent ressenti. L’A110 ne suit pas les aspérités de la route et maintient son cap en toutes circonstances. C’est bien l’avantage de la souplesse de la suspension et d’une petite monte pneumatique à l’avant (205/40 R 18).

Photo essai dynamique Alpine A110 Pure (2019)

Globalement, la voiture est saine et assez neutre sur les mises en appui, et c’est lorsque l’on hausse le rythme qu’elle devient plus joueuse, voire délicate pour un non-initié. Sur les freinages appuyés ou un rapide changement de direction, le train arrière devient mobile. C’est bien l’esprit de l’Alpine, mais toutefois cela demandera plus de vigilance dans les courbes abordées à grande vitesse, car l’arrière-train peut vite devenir baladeur. Dans les modes « Normal » et « Sport », l’ESP intervient assez rapidement, de façon castratrice même, pour vous remettre dans le droit chemin.

Le freinage, équipé sur notre modèle d’essai de disques hautes performances (1 008 €) de 320 mm de diamètre, ne souffre d’aucune critique. L’attaque de la pédale est musclée, mais franche et consistante. Ces disques bi-matières permettent un gain de poids de 2,5 kg par roue. Cumulé à l’option jantes Fuchs (1 800 €) forgées de 18 pouces, le poids des masses non suspendues gagne encore 7 kg. Au total, on comptera 17 kg de gain qui sont loin d’être négligeables, et les puristes du « light is right » ne s’y tromperont pas.

Lors de notre essai de cette nouvelle Alpine A110, la consommation s’est établie à 9,5 litres aux 100 km, en roulant raisonnablement. Sur les longs trajets autoroutiers, la consommation peut descendre sous les 9 litres aux 100 km, mais le petit réservoir de 45 litres sera vite absorbé.

Mais il y a un point où l’Alpine est championne toutes catégories des voitures modernes, c’est bien la sympathie qu’elle vous attire : les pouces levés ou les cyclistes qui vous interpellent aux feux feront partie de votre quotidien, alors prévoyez de perdre un peu de temps pour discuter avec les curieux et passionnés. Dans notre pays, malgré la politique autophobe, il n’est pas désagréable de constater que les français aiment encore l’automobile sportive.

Essai Alpine A110 : le prix et les options

Photo habillage porte Alpine A110 Pure (2019)

La version Premiere Edition étant écoulée, il existe désormais deux versions au catalogue : Pure et Légende, proposées respectivement aux prix de départ de 54 700 € et 58 700 €.

La version Pure se veut plus dépouillée et plus sportive, alors que la Légende est plus luxueuse. La différence vient principalement de la sellerie, des sièges, du système audio et des jantes.

La liste des options est conséquente avec quelques mesquineries, comme par exemple facturer les logos bleus sur le volant ou les jantes.
Dans cette longue liste d’options, voici celles qui nous semblent intéressantes pour cette petite sportive :

  • Jantes Fuchs : 1 800 € (Pure) / 1 008 € (Legend)
  • Système de freinage Haute Performance 320 mm : 1 008 €
  • Peinture métallisée : de 840 à 1 800 € (Bleu Alpine)
  • Échappement Sport : 1 500 €
  • Aide au stationnement : 750 €

Photo boutons écran tactile Alpine A110 Pure (2019)

Ensuite, vous pourrez personnaliser votre Alpine avec une multitude de petites options :

  • Sièges chauffants (400 €)
  • Rétroviseurs chauffants rabattables (504 €)
  • Système audio Focal Premium (1 200 €)
  • Tapis de sol avec logo Alpine (120 €)
  • Logo Alpine sur les ailes avant (120 €)
  • Logo Alpine bleu au centre du volant (84 €)
  • Repose pieds passager en aluminium (96 €)
  • Pédalier en aluminium (120 €)
  • Étriers de freins bleus (384 €)

… sans oublier toute une liste d’accessoires qui comprend notamment l’alarme, les tapis et filet de coffre, ou encore pour les plus soigneux, une housse de protection signée Alpine.

Bien équipée, votre Alpine A110 atteindra facilement les 62 000 €, sans compter les frais d’immatriculation. Avec un taux mixte annoncé de 144 g de CO2/km, l’écotaxe à prévoir est de 1 050 € en 2019.

Essai Alpine A110 : en bref

Photo Alpine A110 Pure (2019)

Alpine a réussi son pari en commercialisant une voiture légère, polyvalente et facile à vivre au quotidien. Elle offre des performances de haut niveau et un tempérament joueur, conservé de son ancêtre. En concurrence avec les vieillissantes Alfa Romeo 4C, qui n’est déclinée qu’en Spider, et Lotus Elise, plus radicale et au réseau moins étoffé, elle rencontre un bon début de carrière puisque les délais de livraison sont encore longs.

Elle n’est probablement pas la plus efficace sur les circuits rapides, mais son usage routier vous donnera le sourire et vous permettra de semer bien des autos plus puissantes. En améliorant encore quelques détails de finition et d’ergonomie, elle pourra aller chercher une clientèle plus exigeante.

Alpine promet déjà une version poussée à 300 chevaux pour l’automne 2019. Avec un châssis plus affuté, elle pourrait bien faire tomber les chronos…

Essai Alpine A110 Pure 1.8 TCe 252 EDC7 : Fiche Technique

Photo console centrale Alpine A110 Pure (2019)

  • Moteur : Essence TCe, 4 cylindres en ligne à 16 soupapes, 1798 cm3
  • Position : Centrale
  • Suralimentation : Turbo
  • Puissance : 252 ch DIN (185 kW) à 6 000 tr/min
  • Puissance fiscale : 15 CV
  • Couple moteur : 320 Nm de 2 000 à 5 000 tr/min
  • 0 à 100 km/h : 4,5 secondes
  • 0 à 200 km/h: 16,5 secondes
  • Vitesse maxi : 250 km/h
  • 1000 m DA : 23,2 secondes
  • Transmission : Propulsion
  • Boîte de vitesses : Double embrayage Getrag à 7 rapports
  • Pneus : 205/40 R18 et 235/40 R18
  • Freins : 4 freins à disque de 320 mm
  • Suspensions avant et arrière: double triangulation
  • Longueur : 4 180 mm
  • Largeur : 1 798/1 980 mm
  • Hauteur : 1 248 mm
  • Empattement : 2 420 mm
  • Diamètre de braquage : 11,64 mètres
  • Volume de coffre : 100 + 96 litres
  • Poids à vide : 1 103 kg
  • Consommation Urbaine : 8,7 l/100 km
  • Consommation Extra-Urbaine : 5,1 l/100 km
  • Consommation Mixte : 6,4 l/100 km
  • Capacité Réservoir : 45 litres
  • Consommation Mesurée: 9,4 l/100 km
  • Emissions de CO2 : 144 g/km (malus : +1050 € en 2019)
  • Norme antipollution : Euro 6d-TEMP
  • Garantie : 36 mois
  • Année de lancement : 2017
  • Prix de base : 54 700 €
  • Prix du modèle essayé: 64 840 €

Photos : essai de l’Alpine A110 (2019)

Photos : Marius Hanin pour French Driver

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