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Essai Aston Martin V12 Vantage S : avec boîte manuelle s’il vous plaît

Photo essai Aston Martin V12 Vantage S (2017)

French Driver a pu prendre le volant de la dernière Aston Martin V12 Vantage S, équipée d’une boîte manuelle. Sans doute un futur collector !

Il s’agira très certainement du seul V12 « moderne » lié à une boîte manuelle qui passera entre mes mains. Alors bien entendu, il reste les voitures anciennes, la Jaguar XJS par exemple pour ne citer qu’elle, qui peuvent recevoir un V12 jumelé à une telle boîte de vitesses. Une alliance fabuleuse mais qui n’est certainement plus au goût du jour, à l’heure où l’on guette le moindre gramme de CO2 et où l’on assassine à grands coups de malus les quelques sportives intéressantes restant au catalogue.

Essayer ce genre de voiture est une expérience dont je ne pouvais pas me priver. C’est peut-être l’une de celles dont je parlerais à mes petits-enfants, alors qu’ils n’apprendront plus à conduire mais à gérer une auto qui pourra le faire pour eux. Bref, aujourd’hui on nous autorise encore à rêver, et pourquoi ne pas le faire à bord d’une Aston Martin qui plus est ? Ça tombe plutôt bien, puisqu’il s’agit de l’une des dernières voitures de série à être proposées avec ce type de mécanique. Quand on sait que l’Aston Martin V12 Vantage S BVM s’est vendue depuis son lancement à moins de dix unités en France, nous espérons secrètement que cet essai puisse convaincre quelques – riches – clients d’opter pour ce qui est d’ores et déjà un collector.

Essai Aston Martin V12 Vantage S : premières impressions

Photo 3/4 arrière Aston Martin V12 Vantage S (2017)

Il ne s’agit peut-être pas de l’une des plus belles Aston Martin de tous les temps. Mais force est de constater qu’elle reste aujourd’hui, même après 10 ans de carrière, l’une des voitures les plus désirables de sa catégorie, d’autant plus que la configuration de notre modèle d’essai est assez incroyable. Le blanc lumineux « Speedway White » est rehaussé de quelques touches d’orange sur les flancs, le contour de la calandre, le bas du diffuseur et aux extrémités des boucliers, qui viennent s’immiscer et agrémenter l’ensemble.

Les traits de la Vantage sont hérités de la fameuse DB7, sa devancière. Nous devons d’ailleurs la Vantage au coup de crayon d’Henrik Fisker, celui-là même qui a donné son nom à la Karma. Mais nous lui devons également d’autres créations comme l’Aston Martin DB9, la BMW Z8, ou encore la VFL Force 1 V10. Une Aston Martin, c’est un savant mélange entre l’élégance et la sportivité, un mélange que l’on retrouve nulle part ailleurs. Au-delà d’un style, c’est avant tout une philosophie. Une philosophie qui dure et qui perdure depuis maintenant quelques décennies.

Aujourd’hui, la marque britannique est actuellement en train de prendre un nouveau départ. Les modèles et les technologies vieillissantes de la marque ne sont plus vraiment au goût du jour, et le constructeur, sous l’impulsion d’Andy Palmer, son directeur, espère bien retrouver son élan et une place significative dans l’univers du luxe et de la sportivité.

Essai Aston Martin V12 Vantage S : vie à bord

Photo intérieur Aston Martin V12 Vantage S (2017)

Si à l’extérieur elle n’a pas vraiment vieilli, à l’intérieur, le constat est plus mitigé. Les affres du temps et les avancées technologiques actuelles ont fait reculer l’habitacle de cette Aston Martin d’un cran par rapport à ses concurrentes plus récentes. Au-delà de cet aspect, l’ensemble reste tout de même de très bonne facture, avec des matériaux de qualité et des assemblages de haut standing.

Notre version d’essai est en effet affublée d’un Alcantara de couleur gris lunaire, qui vient recouvrir l’intégralité de la planche de bord ainsi que les assises. Le cuir est omniprésent et vient cercler la console centrale, l’accoudoir, et les renforts latéraux des sièges. En y regardant de plus près, nous notons tout de même la présence de quelques plastiques durs. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ils ne sont pas situés au niveau des parties basses, bien au contraire, puisque ces dernières sont recouvertes d’une épaisse feutrine. Non, ces plastiques viennent s’immiscer par petites touches au niveau des buses d’aération et de quelques petites commandes au niveau de la console centrale.

Autre regret, mais nous ne lui en tiendrons pas vraiment rigueur au vu de son âge : le système d’info-divertissement. Complet mais complètement dépassé, comptez plutôt sur le GPS de votre smartphone pour vous guider.

Essai Aston Martin V12 Vantage S : sous le capot

Photo moteur essence 6.0 V12 573 ch Aston Martin V12 Vantage S (

Avant d’entamer une large partie dédiée à la conduite et au plaisir que l’on a pu prendre à son bord, éternisons-nous sur ce que renferme l’immense capot de notre belle anglaise. Pour en revenir à la genèse de cette V12 Vantage, il faut remonter dix ans en arrière, lorsque la marque dévoile pour la première fois le concept-car V12 Vantage RS. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une V8 Vantage dans laquelle Aston Martin a fait entrer au chausse-pied un V12. Ce prototype proposait alors une puissance de 510 chevaux pour 1.700 kilos. Rien d’extraordinaire aujourd’hui, mais plutôt correct pour l’époque.

Deux ans plus tard, la V12 Vantage de série arrive avec sous son capot le même V12, qui développe cette fois 517 chevaux. En 2013, c’est la version S qui pointe le bout de son nez avec une hausse assez spectaculaire, puisqu’elle passe alors désormais à 573 chevaux. Pour faire simple, ce gain significatif de puissance est obtenu grâce au double calage variable de la distribution et l’ajout d’un calculateur moteur Bosch par banc de cylindres. A contrario, la V12 Vantage S ne reçoit pas la boîte automatique à convertisseur ZF à huit rapports de la Vanquish, mais conserve l’ancestrale boîte robotisée à simple embrayage Sportshift III qui compte quant à elle 7 rapports.

Puis est venu le temps des cathédrales, celui où un ingénieur ou un dirigeant a été touché par le sacrosaint patron de l’automobile, en imaginant adjoindre à cet incroyable V12 atmosphérique de 5,9 litres de cylindrée, une boîte manuelle à sept rapports, avec grille inversée qui plus est. Pour faire simple, le premier rapport est à la place du second, le second à la place du troisième, et ainsi de suite…

Essai Aston Martin V12 Vantage S : sur la route

Photo essai Aston Martin V12 Vantage S (2017)

Loin d’être aussi incisive qu’une McLaren, aussi joueuse qu’une Porsche 911 ou aussi enivrante qu’une Ferrari a moteur atmosphérique, l’Aston Martin V12 Vantage S n’est pas une supercar mais plutôt une GT « à l’ancienne ». Dans tous les cas, avec un châssis qui date d’une décennie et des variantes conçues par le service marketing, difficile de faire mieux pour l’instant pour Aston Martin, qui attend avec impatience sa remplaçante. Heureusement, et c’est là où la firme a de la chance, c’est qu’à chaque impulsion sur la pédale de droite, ces quelques défauts sont vite oubliés et compensés par les vocalises d’un moteur absolument incroyable.

Sous son capot, nous retrouvons donc un moteur V12 de 5,9 litres de cylindrée, atmosphérique, développant 573 chevaux (à 6.750 tr/min) et 620 Nm de couple (à 5.750 tr/min), tandis que la puissance est distribuée aux roues arrière via une boîte de vitesses mécanique à sept rapports. Le 0 à 100 km/h est abattu en un peu plus de 4 secondes (contre 3,9 secondes avec la boîte robotisée Sportshift 3) et le constructeur annonce une vitesse de pointe de 323 km/h. Terminons avec le chiffre qui fâche, le poids : la voiture pèse environ 1.665 kilos sur la balance.

Pur atmosphérique, le moteur commence réellement à donner de la voix à partir de 3.500 tr/min, avant de s’essouffler étonnamment au-delà de 7.000 tr/min. Pour une telle motorisation, nous pensions monter un peu plus haut, mais contrairement à d’autres, il en montre beaucoup à bas régime et devient plus « timide » une fois haut dans les tours. Son usage en ville en devient donc presque agréable, même si les grands axes routiers restent ses terrains de prédilection.

Touchons également un mot de cette boîte de vitesses mécanique. Une telle transmission associée avec un tel moteur, aujourd’hui, ça n’existe quasiment plus. Avec son grillage inversé, elle pourrait déconcerter, mais étonnamment, sa prise en main fut plutôt aisée après quelques minutes d’adaptation. Le premier rapport, extrêmement court et qui ne sert qu’en cas de départ canon, n’est pas très utile hormis à canaliser la montagne de couple que délivre le moteur sur les roues arrière. Dans ce sens, comprenez que les démarrages classiques peuvent se faire sur le second rapport. Le grillage inversé de la boîte de vitesses devient donc anecdotique. Les débattements du levier de vitesses sont courts, l’étagement est parfait, et seul le guidage pourrait être à revoir à nos yeux. Parfois, on ne sait en effet plus vraiment à quelle vitesse nous sommes. Autre petit défaut : la pédale d’embrayage, dont la course est bien trop longue.

Photo face arrière Aston Martin V12 Vantage S (2017)

Avec 630 Nm sur le train arrière et un châssis pas vraiment efficace, la puissance a parfois bien du mal à passer au sol. Forcément, notre Aston Martin se met à dandiner de l’arrière, les pneus étant à la recherche de grip et l’ESP tentant de canaliser ce surplus de chevaux. Très vite, ce dernier verrouille l’ensemble, malgré quelques maladresses parfois, et nous voilà parti pour affronter quelques kilomètres de routes vallonnées et pleines de virages. Surprise, là où nous pensions avoir à nous battre avec le volant, notre V12 Vantage S s’est montrée particulièrement docile malgré ses 1.665 kilos et son train avant porté par un imposant V12.

Nous devons être honnêtes : nous nous attendions à valser dans tous les sens au moindre appui, à devoir user et abuser de l’appel / contre-appel, mais il n’en est rien. Un coup d’œil rapide sur les pneumatiques et, ô surprise, nous retrouvons des gommes Pirelli Trofeo. Une fois à température, ils assurent un grip latéral assez phénoménal et accrochent avec hargne la voiture au sol, même en malmenant un peu notre monture, c’est-à-dire en l’écrasant au frein sur ses appuis ou encore en réaccélérant bien trop tôt en sortie de courbe.

Qu’à cela ne tienne, déconnectons l’ESP. Notre anglaise devient, certes, un peu plus sauvage, mais ne décroche toujours pas comme on le voudrait. L’arrière dérive un peu, mais nous sommes vite remis dans le droit chemin par un système électronique toujours aussi maladroit et toujours partiellement connecté. C’est un peu bancal en réalité, et elle se montre sous-vireuse avant d’être survireuse. C’est assez inconstant en plus de cela, notamment sur la remise des gaz qui est accompagnée d’un léger temps de latence.

Pour terminer, touchons un mot du freinage. Notre Aston Martin est équipée de freins en carbone-céramique (398 millimètres à l’avant et 360 millimètres à l’arrière), avec des étriers fixes à six pistons à l’avant et quatre pistons à l’arrière. Une fois bien chauds, ils sont quasi indestructibles et tiennent très bien la température. En revanche, à froid, c’est-à-dire à 98% de son temps, il faudra insister un peu plus pour stopper la voiture en usage conventionnel. Classique quand on choisit un tel système de freinage.

Essai Aston Martin V12 Vantage S : en bref

Photo 3/4 avant Aston Martin V12 Vantage S (2017)

Parfaite, avec plein de jolis défauts, cette Aston Martin est une voiture à part. À mille lieues d’une Porsche, d’une Bentley, d’une Ferrari ou de tout ce que vous voulez, la V12 Vantage est une auto décidément unique, et d’autant plus exclusive dans cette version équipée d’une boîte manuelle.

Disponible au prix de 184.645 euros, la V12 Vantage S BVM est sans aucun doute un futur collector sur lequel il serait plutôt malin d’investir aujourd’hui. Mais au-delà de l’aspect financier, l’Aston Martin V12 Vantage S a su virer millésime à défaut de tourner au vinaigre.

Plus le temps passe et plus elle se bonifie, un peu comme un bon vin. Et comme toutes les bonnes choses ont une fin, il est temps de rendre les clés, en vain. Nous allons nous en souvenir longtemps de cette voiture… Et quelle voiture !

Essai Aston Martin V12 Vantage S : Fiche Technique

Photo jante aluminium Aston Martin V12 Vantage S (2017)

  • Moteur : Essence, 12 cylindres en V, 5935 cm3, 48 soupapes
  • Position : Longitudinale
  • Puissance : 573 ch DIN (421 kW) à 6750 tr/min
  • Ratio : 97 ch/L
  • Puissance fiscale : 52 CV
  • Couple moteur : 620 Nm à 5750 tr/min
  • 0 à 100 km/h : 3,9 secondes
  • 0 à 200 km/h : 12,6 secondes
  • Vitesse maxi : 330 km/h
  • 80 à 120 km/h : 2 secondes
  • 400 mètres départ-arrêté : 12,2 secondes
  • 1.000 mètres départ-arrêté : 21,7 secondes
  • Transmission : Propulsion
  • Boite de vitesses : Boîte manuelle à sept rapports
  • Pneus AV : 255/35 ZR19
  • Pneus AR : 295/30 ZR19
  • Freins AV : Disques ventilés carbone – céramique (398 mm) étriers fixes à 6 pistons
  • Freins AR : Disques ventilés carbone – céramique (360 mm) étriers fixes à 4 pistons
  • Suspensions avant : Double triangulation, amortisseurs monotube hélicoïdaux, barre antiroulis
  • Suspensions arrière : Double triangulation, amortisseurs monotube hélicoïdaux, barre antiroulis
  • Longueur : 4.385 mm
  • Largeur : 1.865 mm
  • Hauteur : 1.251 mm
  • Empattement : 2.600 mm
  • Volume de coffre : 235 litres
  • Poids à vide : 1665 kg
  • Rapport Poids/Puissance : 3,1 kg/ch
  • Consommation Urbaine : 22,7 l/100 km
  • Consommation Extra-Urbaine : 10,2 l/100 km
  • Consommation Mixte : 14,7 l/100 km
  • Capacité Réservoir : 80 litres
  • Emissions de CO2 : 388 g/km (Malus : +10.000 €)
  • Norme antipollution : Euro VI
  • Année de lancement : 2017
  • Prix de base : 184.645 €
  • Prix du modèle essayé : 184.645 €

Photos : essai Aston Martin V12 Vantage S (2017)

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Yann Lethuillier

Mange du pneu, boit de l'essence et dort sur l’asphalte.

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