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Essai Aston Martin DB11 V8 : la GT dans toute sa splendeur

Photo essai Aston Martin DB11 V8 (2017)

French Driver a pu prendre le volant de l’Aston Martin DB11, dans sa version V8 dotée de 510 chevaux, pour un essai de la nouvelle GT britannique !

C’est le grand écart. Le grand écart entre notre essai réalisé il y a quelques mois de l’Aston Martin V12 Vantage S équipée d’une boîte mécanique, et cette nouvelle Aston Martin DB11. Depuis son partenariat avec Daimler, Aston Martin entame une profonde restructuration de sa gamme. La DB11 est la première à apporter sa pierre à l’édifice avant d’être épaulée par la nouvelle Vantage, présentée il y a peu, et qui confirme bien le virage pris par la marque de Gaydon.

Si la DB11 équipée de son bloc V12 est certainement la plus « traditionnelle » des nouvelles Aston Martin, sa version V8, moins onéreuse et plus germanique dans ses gènes, est une alternative très intéressante, voire même plus intéressante que la version V12 si l’on s’intéresse davantage au comportement dynamique. Alors que vaut cette « petite » DB11 au cœur allemand mais à l’esprit britannique ? C’est ce à quoi nous allons répondre à travers cet essai.

Essai Aston Martin DB11 V8 : premières impressions

Photo 3/4 arrière Aston Martin DB11 (2017)

« Les Aston Martin sont les plus belles voitures du monde » : voici une phrase, voire même maintenant un adage dans le monde de l’automobile, qui traverse les âges sans jamais transgresser. Ce n’est certainement pas l’Aston Martin DB11 qui viendra briser ces quelques mots. Les designers, sous l’impulsion de Marek Reichman, chef du style de la marque, ont une nouvelle fois fait preuve d’un coup de crayon assez magistral, en conservant à la fois tradition et modernité sous des lignes pures et un style si caractéristique.

Point d’entrées d’air proéminentes, point d’angles taillés à grands coups de serpe, simplement des lignes façonnées d’un seul trait par un coup de crayon savamment maîtrisé. Le travail le plus impressionnant est très certainement celui qui se situe au niveau de la partie arrière et du galbe donné aux hanches de la voiture. On y retrouverait même dans l’esprit un arrière de Porsche 911 Carrera, c’est-à-dire un ensemble très large qui assoit naturellement la prestance de la voiture.

Esthétiquement, par rapport à une version V12, difficile de différencier les deux modèles. Cependant, deux indices peuvent nous permettre de faire cette distinction. Le premier : la présence de deux écopes (au lieu de quatre pour une V12) sur le capot. Le second : la version V12 dévoile sa motorisation via un sigle qui vient se positionner sur le flanc de l’aile avant… Pas la V8.

Essai Aston Martin DB11 V8 : vie à bord

Photo intérieur cuir noir Aston Martin DB11 (2017)

À l’intérieur, c’est également le grand écart par rapport aux anciennes productions de la marque. Nous nous retrouvons enfin avec un habitacle contemporain, bénéficiant des derrières technologies indispensables pour une voiture de ce rang. C’est d’ailleurs à l’intérieur que le partenariat entre Aston Martin et Daimler est le plus perceptible, avec de nombreux éléments communs. Nous retrouvons, par exemple, le pad pour contrôler l’écran (non tactile), la même interface des menus de l’écran, ou encore quelques commandes physiques similaires. On ne peut pas vraiment dire qu’il s’agit de ce que Mercedes sait faire de mieux, mais c’est en tout cas déjà bien plus moderne par rapport à ce que nous connaissions chez Aston Martin.

Entièrement gainé de cuir (planche de bord, casquette d’instrumentation, volant, pavillon…), l’habitacle de notre DB11 est à la hauteur des nouvelles prétentions de la marque. Équipée du pack carbone, notre modèle d’essai se pare de ce noble matériau au niveau des contre-portes ou encore de la console centrale. Les finitions et les assemblages sont impeccables, malgré quelques mesquineries comme les ailettes des buses d’aération en plastique. C’est un détail, certes, qui n’empêchera pas un client de succomber aux charmes de la DB11, mais le diable est dans le détail.

L’instrumentation est maintenant entièrement digitale et plutôt bien agencée. La navigation via les commandes situées sur le volant est claire et fluide, un modèle du genre. La commande de la boîte de vitesses brille par son absence, celle-ci est remplacée uniquement par quatre poussoirs situés au niveau du tableau de bord avec, au centre, l’immense bouton de mise à feu, où il n’est d’ailleurs plus nécessaire d’y insérer la clé. Enfin, touchons quelques mots de l’habitabilité, avec un volume de coffre de 270 litres et deux places à l’arrière permettant avant tout de dépanner pour un court trajet.

Essai Aston Martin DB11 V8 : en quelques chiffres

Photo moteur V8 essence 510 ch Aston Martin DB11 (2017)

Sous le capot se cache un moteur bien connu, puisqu’il sévit déjà dans les entrailles de pratiquement toute la gamme Mercedes-AMG. Il s’agit du V8 4,0 litres bi-turbo qui, au sein de l’Aston Martin DB11, développe la bagatelle de 510 chevaux et 675 Nm disponibles à partir de 2000 tr/min. Pour rappel, l’Aston Martin DB11 V12 développe 612 chevaux et 700 Nm de couple. Des chiffres plus conséquents, certes, mais qui ne se retranscrivent pas vraiment sur la route. En effet, la DB11 V8 ne réclame qu’un petit dixième de plus sur l’exercice du 0 à 100 km/h (4 secondes) par rapport à la version V12 (3,9 secondes).

En réalité, ce bloc est surtout 115 kilos plus léger que le moteur V12. Celui-ci est, comme sur une Mercedes-AMG GT, intégré en position centrale avant afin de privilégier la répartition des masses (49/51 pour la V8 contre 51/49 pour la V12). Justement, par rapport à une Mercedes-AMG GT S, l’Aston Martin DB11 V8 bénéficie pratiquement de la même cartographie. La puissance maximale de 510 chevaux est simplement disponible 250 tr/min plus tôt pour l’anglaise, tandis que le couple moteur est 25 Nm moins élevé sur l’allemande (650 Nm) mais disponible 250 tr/min plus tôt (1750 tr/min). Plus légère (1675 kilos), la Mercedes-AMG GT S réclame seulement 3,8 secondes pour le 0 à 100 km/h. L’Aston Martin DB11 V8, qui en réclame deux dixièmes de plus, est sans doute légèrement « pénalisée » par son poids plus élevé (1760 kilos). Cela reste néanmoins toujours mieux que les 1875 kilos affichés par la version V12.

Essai Aston Martin DB11 V8 : sur la route

Photo 3/4 avant Aston Martin DB11 (2017)

Après avoir pris rapidement en main une version V12 déjà fortement convaincante mais au comportement parfois un peu trop sauvage pour une GT de son rang, on attendait donc beaucoup de cette version V8 qui doit, logiquement, corriger quelques défauts. La mise en route d’une Aston Martin est toujours un moment singulier, même si la procédure a changé par rapport aux « anciennes ». Contact, et le V8 s’allume dans un bruit assez assourdissant, très rauque, bref, un bruit germanique. Nous sommes loin d’un bruit d’anglaise. Celui-ci est étouffé par les deux turbos, mais les ingénieurs de chez Aston Martin ont tout de même voulu rendre ce bruit singulier par rapport à une Mercedes-AMG GT.

Le résultat est moins spectaculaire, nous avons même envie de dire moins « caricatural ». La DB11 V8 est certes plus discrète que la GT allemande, mais son bruit est à la hauteur de sa prestance : discret et plutôt élégant, malgré un fort accent venu d’outre-Rhin. Dans tous les cas, il ne vaut pas celui d’un V12, un V12 atmosphérique bien évidemment, qui vous prend au plus profond de vos tripes et où le dictionnaire n’est malheureusement pas assez richement doté pour vous le décrire dans ses moindres détails.

Bref, en dehors de cette aparté musical, la nouvelle DB11 V8 est bien celle que nous attendions, à quelques détails près. Plus légère que la V12, elle adopte un comportement beaucoup plus sain et une agilité assez déconcertante pour une GT. Même si les longues lignes droites et les revêtements de bonne qualité sont toujours les ingrédients parfaits pour profiter de l’anglaise, les premiers petits virages nous donnent tout de même quelques rictus. Bien amortie à l’avant grâce à sa suspension pilotée et sa double triangulation, le train avant se place idéalement grâce à une direction bien calibrée, même si elle manque un peu de consistance au niveau du point milieu. Ce train avant incisif permet d’enrouler et de passer à des allures bien plus soutenues, notamment là où la V12 nous aurait déjà gratifié d’un beau déhanchement en sortie de courbe.

Photo face avant Aston Martin DB11 (2017)

Les mouvements de caisse dûs au train arrière (pourtant monté sur du multibras) gâchent néanmoins un peu notre plaisir sur routes bosselées. L’amortissement aurait peut-être dû être un peu mieux calibré à ce niveau. Les 510 chevaux sont uniquement distribués aux roues arrière via une boîte automatique à huit rapports. Si la V12 avait bien du mal à tout passer au sol, c’est un peu moins le cas pour la V8, mais nous avons noté parfois quelques pertes de grip, notamment lors des phases de fortes accélérations.

Agréable pour les amateurs de sensations, moins pour ceux qui ont vraiment « l’esprit » GT. En cas de perte de motricité, l’antipatinage se met en action bien évidemment, tout comme l’ESP qui n’est malheureusement pas déconnectable. Heureusement, celui-ci est permissif et pas trop mal calibré si l’on souhaite s’autoriser quelques sorties de courbes, les roues braquées dans le sens contraire et avec une légère odeur de gomme brûlée. De plus, avec ce moteur très reculé, l’équilibre est juste parfait pour pouvoir s’autoriser, sans grandes frayeurs, ce genre d’exercice indigne d’une Aston Martin mais rudement jouissif.

En dehors de son comportement sportif, la DB11 est une vraie GT dans l’âme quand on ne la brusque pas. Ses mouvements de caisse que l’on regrettait précédemment sont dus à un amortissement trop souple. Donc logiquement, à allure conventionnelle, le confort est au rendez-vous, même en mode « Sport+ ». Enfin, touchons un mot du freinage, monté sur des disques ventilés de 400 millimètres à l’avant et 360 millimètres à l’arrière : nous n’avons noté aucun souci majeur d’endurance ou de mordant, ceux-ci sont bien dimensionnés et tiennent bien la température à allure soutenue.

Essai Aston Martin DB11 V8 : en bref

Photo statique arrière Aston Martin DB11 (2017)

Proposée à partir de 185.546 euros, l’Aston Martin DB11 V8 est moins chère de 20.884 euros par rapport au modèle V12. Elle est aussi un peu moins bien équipée puisqu’il va falloir piocher dans la liste des options pour s’offrir, à titre d’exemple : la lame avant, les bas de caisse et le diffuseur en carbone (14.500 euros) ou encore le système audio Bang&Olufsen (7930 euros). Au total, notre version d’essai s’affiche à pratiquement 210.000 euros, soit en somme pratiquement le prix de la version V12.

En termes de concurrence, la DB11 V8 se place face à la Mercedes-AMG GT S qui profite du même moteur et de la même puissance, mais à un tarif nettement moins élevé puisqu’elle s’affiche à partir de 146.300 euros. De plus, l’allemande est mieux tenue et adopte un comportement dynamique supérieur par rapport à l’anglaise. Cependant, elle ne bénéficie pas de l’aura ni même du niveau de confort de l’anglaise. Enfin, elle peut aussi se mesurer à la Maserati Gran Turismo et son V8 atmosphérique de 460 chevaux. L’italienne accuse en revanche pratiquement dix ans d’âge et des performances en dessous de l’Aston Martin, et même si elle s’affiche moins chère (à partir de 129’640 euros), elle n’est malheureusement plus vraiment dans le coup.

En résumé, cette version V8 reste une formidable voiture à voyager, devient plus dynamique que la V12, mais laisse ce soupçon de radicalité qui lui manque à une toute autre gamme. En effet, Aston Martin semble vouloir faire une sorte de scission entre ses modèles, et confirme bien par là que la DB11 reste et restera une GT pure et dure, malgré deux modèles au comportement opposé. Pour la sportivité, il va sûrement falloir compter sur la nouvelle Aston Martin Vantage qui, avouons-le, laisse présager de très belles choses à première vue.

Essai Aston Martin DB11 V8 : Fiche Technique

Photo tableau de bord Aston Martin DB11 (2017)

  • Moteur : Essence, 8 cylindres en V, 3982 cm3, 32 soupapes
  • Position : Longitudinale avant
  • Suralimentation : Bi-turbo
  • Puissance : 510 ch DIN (375 kW) à 6.000 tr/min
  • Puissance fiscale : 40 CV
  • Couple moteur : 675 Nm de 2.000 à 5.000 tr/min
  • 0 à 100 km/h : 4,0 secondes
  • Vitesse maxi : 301 km/h
  • 80 à 120 km/h : 2,6 secondes
  • Transmission : Propulsion
  • Boîte de vitesses : Boîte automatique ZF à huit rapports
  • Pneus AV : 255/40 R20
  • Pneus AR : 295/35 R20
  • Freins AV : Disques ventilés (400 mm)
  • Freins AR : Disques ventilés (360 mm)
  • Suspensions avant : Indépendante double triangulation, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis et amortisseurs pilotés
  • Suspensions arrière : Multibras, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis et amortisseurs pilotés
  • Longueur : 4.739 mm
  • Largeur : 1.950 mm
  • Hauteur : 1.279 mm
  • Empattement : 2.805 mm
  • Volume de coffre : 270 litres
  • Poids à vide : 1.705 kg
  • Rapport Poids/Puissance : 3,5 kg/ch
  • Consommation Urbaine : 11,8 l/100 km
  • Consommation Extra-Urbaine : 6,7 l/100 km
  • Consommation Mixte : 8,4 l/100 km
  • Capacité Réservoir : 78 litres
  • Emissions de CO2 : 230 g/km (Malus : + 10.000 €)
  • Norme antipollution : Euro VI
  • Année de lancement : 2017
  • Prix de base : 185.546 €
  • Prix du modèle essayé : 209.731 €

Photos : essai de l’Aston Martin DB11 V8

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Yann Lethuillier

Mange du pneu, boit de l'essence et dort sur l’asphalte.

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