Essai de la Mercedes CLA Shooting Brake : l’alliance de deux philosophies antinomiques

Avec son « Shooting Brake », pour break de chasse, Mercedes n’en finit plus d’élargir sa gamme. Aujourd’hui, la gamme A comprend pas moins de quatre modèles, allant de la compacte au petit SUV urbain, sans oublier la version coupé quatre portes et notre modèle d’essai : la Mercedes CLA Shooting Brake.

Mercedes peut certainement aujourd’hui se targuer d’avoir lancé une nouvelle gamme, celle des véhicules compacts, aux lignes d’un coupé et à la fonctionnalité d’un break. Attention, ces modèles Shooting Brake ne remplacent pas les véritables breaks, toujours disponibles au catalogue sur les gammes Classe C et E. Mais c’est dorénavant une nouvelle proposition, unique sur le marché, que nous avons pu découvrir le temps d’un week-end.

On connaissait déjà la CLS Shooting Brake, sorte d’immense break aux lignes fuyantes s’étant attiré les louanges de la presse à sa sortie. Mercedes remet le couvert, en présentant un nouveau break adoptant les mêmes caractéristiques que sa grande sœur, avec quelques centimètres de moins et un tarif moins élitiste.

Essai Mercedes CLA Shooting Brake : premières impressions

Par rapport à la Mercedes CLA, le Shooting Brake ne gagne pas un centimètre, que cela soit en hauteur ou en longueur. Avec cette ligne de toit fuyante et ce hayon qui s’affaisse progressivement vers la poupe, c’est de profil qu’elle s’apprécie le plus. On y observe une partie vitrée très bien dessinée, tout en fluidité avec, surprise, aucun montant au niveau des vitres, rappelant ainsi sa vocation de coupé.

Très agressive, trapue, et musclée à souhait, notre monture du week-end ne laisse pas indifférent, surtout dans cette livrée sportive qui rejoint les versions AMG. Notamment avec cette lame de spoiler à l’avant, surmontée d’une fine ligne rouge, que l’on retrouve également à l’arrière ornant ainsi la double sortie d’échappement si significative. Les jantes AMG 18 pouces, de surcroît, lui confèrent un look presque brutal, bien loin de l’image que l’on pouvait avoir des Mercedes il y a encore cinq ans.

Les modèles non-équipés de cet accoutrement sportif ne sont pas en reste, même si le look s’avère beaucoup moins spectaculaire, avec un bouclier avant moins travaillé, des petites jantes de seulement 17 pouces et une garde au sol un poil plus haute que notre version d’essai. Cette dernière est en effet rabaissée, avec le train de roulement sport AMG. On y retrouve cependant toujours ses attraits originels, avec ce pincement de carrosserie commençant à l’extrémité des feux avant, longeant les portières afin de terminer sa course au niveau des roues arrière. Ces deux lignes de style semblent façonnées par les flux d’air, un détail certes, mais qui fait clairement la différence par rapport aux breaks traditionnels.

Les nouveaux codes stylistiques propres aux nouvelles Mercedes-Benz ne sont pas omis, on y retrouve le bloc marque avec cette large calandre diamantée, qui accueille en son centre l’immense étoile pouvant s’allumer au déverrouillage des portes. Les feux avant sculptés, recevant en prime un joli cerclage rouge à l’intérieur des optiques demeurent inchangés. Seuls les feux arrière, au dessin un poil trop caricatural ont pu surprendre les quelques personnes interrogées.

Essai Mercedes CLA Shooting Brake : vie à bord

À l’extérieur, c’est un quasi sans-faute. L’intérieur doit donc être en adéquation avec la bonne impression générale, inculquée au premier abord. Assez basse, la position de conduite est à mon goût excellente, mais ne saura peut-être pas convaincre les habitués des breaks traditionnels, plutôt adeptes d’une position plus conventionnelle. La présentation générale est très bonne, l’instrumentation est claire et l’interface multimédia, sur le grand écran HD de 8 pouces, (non tactile) est plutôt bien agencée (même si nous avons noté quelques difficultés à se connecter en Bluetooth).

Chez Mercedes, il faut tout de même s’attarder sur le positionnement de certaines commandes ou équipements, puisque nos repères traditionnels sont immédiatement balayés une fois à bord. Le sélecteur de boite, tout d’abord, qui se situe derrière le volant, à droite, permettant de libérer le tunnel de transmission, à l’image des anciennes Citroën DS. De ce fait les commandes d’essuie-glace prennent place sur le même commodo que les clignotants. Un peu déroutant au début, mais la prise en main est rapide. Ensuite, l’incorporation de l’écran central, qui n’est pas imbriqué dans la console comme à l’accoutumé mais fixé par l’intermédiaire d’un support, est un peu surprenant. Pour le coup, on aurait vraiment aimé avoir la possibilité de le rétracter.

Version sport oblige, l’intérieur n’est pas en reste et on y retrouve un large bandeau de planche de bord en carbone, qui englobe des buses d’aération très bien dessinées et cerclées de rouge, propre aux versions AMG. La partie supérieure est recouverte d’un similicuir Artico, avec surpiqûres rouges de très bonne facture. On ne peut malheureusement pas en dire autant des plastiques bas et de ceux composant le tunnel de transmission, pas vraiment haut de gamme. Tout comme la présentation des parties basses de la console centrale, avec de très nombreux boutons rendant le tout peu ergonomique.

Gros coup de cœur pour deux éléments dans cet habitacle: les sièges, en cuir « Red Cut noir », qui enveloppent parfaitement ses usagers et distillent également, au niveau des appuie-têtes un flux sonore émanant du système HiFi Harman Kardon, propre à notre version d’essai : les mélomanes apprécieront ce détail. Deuxième coup de cœur, ce volant absolument parfait, de par ses dimensions. La jante est épaisse et offre une excellente prise en main, la petite taille (sans atteindre celle des Peugeot 208 et Peugeot 308 actuelles) autorise une maniabilité remarquable. Quant aux palettes, scindées au volant et non à la colonne de direction, elles rendent le passage en mode manuel bien plus agréable en conduite dynamique.

Essai Mercedes CLA Shooting Brake : sous le capot

Il y a encore quelques années de cela, sous le capot d’un tel engin, seul un six-cylindres en V aurait eu sa place. Aujourd’hui, en raison des nouvelles normes antipollution, Mercedes a été contraint de suivre la tendance et réduire la cylindrée de ses moteurs, afin de baisser sa consommation et ses émissions de CO₂. Notre version d’essai, baptisée exactement : Mercedes-Benz CLA Shooting Brake 250 4MATIC accueille, comme ça ne se voit pas, un moteur quatre-cylindres de 2.0 litres turbocompressé. Ce nouveau bloc est disponible donc, soit en 1.6 litres, soit en 2.0 litres turbo. Ce dernier, coiffant également la gamme des A 45 AMG est aujourd’hui porté à une puissance de 381 chevaux, faisant de la Mercedes A 45 AMG la compacte de série la plus puissante du marché, dotée du meilleur quatre-cylindres au niveau du rendement, avec 190,5 ch/l.

Vous l’aurez compris, le rendement a donc été optimisé, et pour cela, Mercedes a travaillé au niveau de l’injection haute pression, en y incorporant des injecteurs piézoélectriques. Cela a pour but d’améliorer la précision de l’injection, et donc directement le processus de combustion, qui est maintenant quasi complet, puisque le carburant est utilisé de manière plus efficace. Le système de distribution variable a lui aussi été optimisé, avec un remplissage accru des cylindres, réduisant ainsi les consommations. Le moteur est maintenant moins assujetti aux frottement internes, et tous les organes sont dorénavant pilotés avec davantage de précision et simplement asservis aux besoins, et non plus de manière systématique.

Essai Mercedes CLA Shooting Brake : sur la route

En milieu urbain, notre CLA se débrouille plutôt bien, malgré son gabarit certain. A mon goût un peu atone à allure modérée, la souplesse de la direction est vite gommée par la direction paramétrique sport AMG, plus ferme et plus incisive en conduite sportive. Le confort est correct pour la philosophie de l’engin, qui associe deux qualités antinomiques, à savoir la sportivité et le confort. Avec le train de roulement surbaissé spécifique, le confort est quelque peu détérioré, et chaque imperfection de la chaussée se ressent immédiatement, mais, notons-le, sans remontée disgracieuse dans la direction.

Très agile, elle nous a surpris à allure soutenue, malgré ses 1.555 kilos sur la balance. Le 4MATIC assure une motricité absolument parfaite. Le train avant se place merveilleusement bien, la voiture ne s’affaisse pas en courbe et vire à plat, bref, la prendre en défaut relève de l’exploit. Le moteur quatre-cylindres turbo, à la sonorité plutôt agréable, est très souple et on se surprend même parfois à prendre plus de 5.000 tr/min en mode sport, sans pour autant qu’il s’essouffle. À chaque passage de rapport, l’échappement nous offre une détonation, comme la nouvelle Audi TT (retrouvez notre essai de l’Audi TT), et quelques crépitements à la décélération. Pas au niveau d’un échappement AMG, mais vraiment sympathique pour un bloc quatre-cylindres turbo.

La boite automatique à double embrayage 7G-DCT nous a par contre laissé sur notre faim : tantôt excellente, parfois suffisante. Elle se comporte divinement bien en ville, mais paradoxalement s’avère assez lente et pas vraiment sportive. D’autant plus que l’étagement retravaillé est spécifique à cette version sportive. Elle peut même parfois être restrictive et refuser de baisser un rapport, alors que le régime moteur s’y prêterait volontiers. On aurait aimé également moins de latence entre le moment où l’on enfonce la pédale de droite et le temps où la boite décide de descendre d’un ou deux rapports. La réactivité n’est donc pas vraiment son point fort, elle se prête davantage à une conduite coulée et douce plutôt qu’à un rythme enjoué.

Essai Mercedes CLA Shooting Brake : en bref

Parmi l’un des plus beaux breaks du marché avec la Peugeot 308 SW, la Mercedes CLA Shooting Brake suit les traces de sa grande sœur : la CLS Shooting Brake. Elle est disponible avec huit motorisations diesel et essence différentes, dont un bloc quatre-cylindres turbo essence qui culmine à plus de 381 chevaux sur la version AMG. Notre modèle CLA 250 développant 211 chevaux (disponible récemment avec une mise à jour en 218 chevaux) surprend par sa polyvalence, et s’avère être aujourd’hui la meilleure alternative pour l’usager souhaitant avoir du répondant, sans pour autant vider son réservoir en une demi-heure.

Aujourd’hui, on le sait, le diesel n’a plus vraiment le vent en poupe et l’essence constituera prochainement le cœur des ventes (avec l’arrivée prochaine de versions hybrides). En attendant, le bloc 1.6 litre, développant respectivement 122 chevaux pour la CLA 180, et 156 chevaux pour la CLA 200, sera peut-être un peu léger pour une voiture de 1.555 kilos. La version CLA 250 serait à mon goût la meilleure alternative. Cette dernière a tout de même un prix : 54.450 € pour notre version Sport, hors options. Un tarif élitiste, mais en adéquation avec ceux proposés par la concurrence, et qui ne semblent pas pour autant rebuter la clientèle, avide de ces nouveaux breaks de chasse ou coupés quatre portes.