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Mondial de l’Auto 2022 : qu’attendait-on de lui ?

Photo salon Mondial de l’Auto Paris 2022

4 ans. Il aura fallu quatre années pour redécouvrir le Mondial de l’Auto à Paris et, entre les deux éditions, une crise globale qui nous a amené à changer nos façons de voir. Ce Mondial de l’Auto 2022 en est le témoin, malgré lui.

The Show Must Go On

C’est donc dans un contexte particulier que s’est joué le Mondial de l’Auto, dont la formule amorçait déjà sa transformation en 2018 en parlant de « mobilités » au sens large. Les trois halls d’exposition font la part belle à de larges allées centrales qui semblent surdimensionnées mais qui permettent de circuler facilement.

L’époque Covid et notre réticence à nous agglutiner ont dû peser dans les choix de l’organisateur, à moins qu’il ait surestimé la fréquentation : près de 400.000 visiteurs enregistrés, contre un million en 2018 (avec une durée qui fond comme neige au soleil : de 15 jours en 2016, puis 10 jours en 2018 et une seule semaine en 2022). Les plus exigeants auront remarqué que le sol est dépourvu de moquette. Le rendu est moins premium mais ce revêtement a usage unique a un coût environnemental certain.

Un manque de marques ?

On peut justifier ce manque de fréquentation par un manque de marques qui donneraient envie de se déplacer. On pensera en premier aux constructeurs premium et haut de gamme dont la présence sur ces événements constitue, pour le public, la seule opportunité d’approcher des modèles atypiques.

Photo Peugeot 408 – Mondial de l’Auto Paris 2022

En cause, un manque de retour sur investissement certain dans une période où l’on demande à chacun de réduire les dépenses fastes. Cette stratégie offre une voie royale pour les constructeurs asiatiques venant avec des modèles bien conçus qui ont tout pour répondre aux attentes des européens.

Les absents ont toujours tort

En délaissant les salons, les marques historiques donnent le ton : elles ne semblent pas être inquiètes de l’arrivée d’une concurrence agressive qui fait le choix d’installer de grands stands avec animations, goodies et des équipes prêtes à remplir des formulaires de contact, voire même des carnets de commandes.

Du côté des marques dont nous avons l’habitude de vous parler ici, Alpine présente son A110 R, DS Automobiles mise sur sa gamme rajeunie avec ses nouvelles DS 3 et DS 7, Dacia s’émancipe du low cost en venant avec son concept-car Manifesto et un stand aux consonnances premium, tandis que Peugeot se focalise sur sa nouvelle 408. Ils ont le mérite d’être au rendez-vous et de continuer à croire au Mondial de l’Auto. Est-ce que cela suffira à redonner envie aux autres ? Nous sommes à la limite entre le cercle vertueux du retour des salons, et le cercle vicieux de leur décrépitude.

La faute à la digitalisation ?

Photo Renault – Mondial de l’Auto Paris 2022

La période Covid a été l’opportunité pour tous les acteurs de miser sur la digitalisation et l’automobile n’a pas été épargnée, décrédibilisant davantage l’intérêt d’investir dans une présence statique. Et pourtant, nombreux sont ceux qui ont besoin de manipuler, toucher, s’installer à bord de véhicules avant de concrétiser un achat de plus en plus onéreux en raison de l’augmentation des matières premières et d’une électrification à marche forcée.

L’interdiction de commercialiser des véhicules thermiques à l’horizon 2035 et la digitalisation du parcours client semble avoir eu raison de la capacité qu’avait l’automobile d’alimenter les rêves de chacun. Devenu objet auprès duquel opinion et pouvoirs publics jettent leur opprobre, les constructeurs semblent leur donner raison.

Les marques asiatiques réfléchissent différemment, en pensant parts de marché. L’avenir leur donnera raison ou tort, encore est-il que toutes ces marques, méconnues il y a peu, arrivent sur le marché européen et le font savoir. Leur approche pourrait faire la différence : à suivre…

L’influence, planche de salut

Photo 1000tipla Vilebrequin – Mondial de l’Auto Paris 2022

S’il y a bien un stand qui n’a pas désempli, c’est celui de Vilebrequin : les deux Youtubeurs, qui ont levé 1 million d’euros pour réaliser un Fiat Multipla de 1000 chevaux, ont créé l’émulsion autour d’eux, dont l’affluence est comparable à un corner Ferrari de la belle époque. Ils prouvent à eux deux que l’automobile, quoique l’on puisse en penser, continue d’intéresser et de nourrir les rêves les plus fous.

Tirer sur l’ambulance

Si l’on en croit certains confrères, le Mondial de l’Auto serait en pleine décrépitude. Au final, qu’attendait-on de lui ? De renvoyer un signal positif fort. Cette édition 2022 est plutôt à demi-teinte car, pour nous, le Mondial rime avec concentré de mobilités pour tous publics. Pour certains, le Mondial 2022 est un véritable fiasco. C’est un avis que l’on ne partage pas forcément chez French Driver, même si l’on peut déplorer que tous les représentants auto ne jouent pas le jeu, au risque de renvoyer (de confirmer ?) le signal d’une industrie automobile qui se morfond.

Alors que le Mondial de l’Auto se veut être un concentré de l’actualité auto à venir, cette édition 2022 en était l’ersatz affichant les ambitions conquérantes de certains, quand d’autres en profitent pour jouer à domicile. Quant aux autres ? Il paraît que les absents ont toujours tort, mais il y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Ils ont donc deux ans pour revoir leur copie.

Photos : Mondial de l’Automobile de Paris 2022

Photos : Tran HA pour French Driver

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Tobias André

Gtiste convaincu, philosophe émérite pour French Driver. Grand amoureux du borderline. Conduire sur tout, surtout conduire.

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