Sur les routes finlandaises du Rallye des Mille Lacs en SEAT Leon Cupra ST

Longtemps break le plus rapide du marché sur l’incontournable Nürburgring avec un temps de 7 min et 58 secondes, la SEAT Leon ST Cupra nous revient aujourd’hui restylée, armée de 300 chevaux et de quatre roues motrices. Loin de l’asphalte abimé et des courbes piégeuses de la Nordschleife, nous nous sommes rendus en Finlande, sur les traces de l’épreuve WRC du rallye des Mille Lacs, pour découvrir pendant près de 1000 km la nouvelle version du break sur-vitaminé.

Au programme de notre road-trip : 2 jours entre Joensuu, petite ville tranquille perdue au milieu des forêts de mélèzes et proche de la frontière russe, et Helsinki, capitale du pays au bord de la Mer Baltique. 800 km de pistes à travers tous les types de revêtements : terre, gravier, sable et bitume, pour apprécier au mieux les qualités de notre SEAT Leon Cupra.

Restylée début 2017, la SEAT Leon ST Cupra qui nous accompagnera pendant ce périple est équipée d’un 2.0 TSI de 300 ch, de la transmission intégrale 4Drive, ainsi que de la boîte automatique DSG à 6 rapports. Pas de grosse révolution stylistique pour cette nouvelle déclinaison, quelques changements portés sur le bouclier avant ainsi que sur les optiques avant et arrière s’ajoutent aux innovations technologiques dont elle est maintenant équipée. Teinté de son joli Blanc Nevada et de ses jantes Cupra noires, notre break me « tend les bras » à la sortie de l’aéroport : agressif mais pas exubérant, seuls les deux grosses sorties d’échappement ovales et le drapeau à damier sur le capot annoncent la couleur, il va y avoir du sport… Bagages chargés dans la gigantesque malle de 587 litres, c’est parti !

Jour 1 : Joensuu > Punkaharju, 350 km, 7 heures

À peine sortis de l’aéroport, nous voici plongés sans délai dans les paysages de Finlande, dépaysants et majestueux. Pas le temps de profiter du confort de roulage de notre familiale, nous voici immédiatement sur leurs départementales locales : des pistes de gravier (quand il fait sec), qui se transforment en boue dès que la pluie fait son apparition. Étant chanceux avec le temps, c’est un grand soleil qui nous accompagna tout au long de nos deux journées finlandaises…

En ce début de mois de septembre, ce n’est plus l’été ici : l’automne a déjà pointé le bout de son nez, les températures et couleurs des arbres qui vont avec aussi. Pas vraiment habitué à ce type de revêtement, je découvre prudemment la conduite sur piste en utilisant les quelques notions de pilotage sur terrain glissant que j’ai pu acquérir, je roule alors avec un œuf sous la pédale en essayant de conserver un maximum de motricité et éviter d’avoir à freiner trop souvent ou à brusquer la direction. Équipée de Pirelli P Zero, des pneumatiques on ne peut moins adaptés au jeu des pistes de terre et de gravier, notre Leon Cupra s’en sort toutefois relativement bien grâce à sa technologie 4Drive.

Une fois quelques kilomètres parcourus sur ces chemins au milieu de magistrales forêts de sapins et le comportement de la voiture assimilé, je quitte le mode « Confort » et me concocte un mode « Individual » avec la direction, la boîte de vitesse et le moteur en mode « Cupra » (course), tout en conservant la suspension en « confort » pour éviter de passer plusieurs séances chez le kiné à mon retour en France vu le nombre de nids de poules. ESP placé en mode « moins permissif » et comportement boîte/moteur plus joueur, je commence à prendre du plaisir au volant et à faire confiance à la voiture. Cette dernière est extrêmement saine, même sur des revêtements plutôt instables : la transmission intégrale révèle alors immédiatement tout son intérêt et permet d’aborder en toute confiance les virages serrés et bosses, paysages que je m’imaginais de la Finlande après avoir passé des heures de mon enfance sur des jeux de rallye.

Techniquement, le système 4Drive répartit les 300 chevaux bien présents du TSI de façon indépendante sur les quatre routes de la voiture en fonction du besoin en motricité de chacune d’elles. Liée à un différentiel auto-bloquant Haldex qui garantit une parfaite répartition du couple (380 Nm dès 1800 tr/min) là où il faut quand il le faut, et à une pléiade d’aides électroniques, la transmission intégrale nous permet d’évoluer sans trop nous poser de questions sur les pistes des spéciales. La manche WRC de Finlande n’étant passée qu’il y a quelques semaines au même endroit que nous, les ornières portent encore les traces des passages des pilotes (les variations de température entre été et hiver n’aidant pas non plus). À allure beaucoup plus modérée qu’eux, nous en prenons plein les yeux et savourons ces paysages sublimes qui s’offrent à nous le long de la frontière russe, où de sombres forêts se dressent devant nous. Le bois est la première économie du pays, je comprends maintenant pourquoi…

Nous alternons moments de répit à admirer le cadre qui nous entoure et plaisir de conduite en se concentrant sur ce qui se passe devant nous. Les énormes camions transportant du bois déboulent à toute allure tandis que les virages se font de plus en plus présents, demandant une concentration de chaque instant pour ne pas terminer dans les fossés ou dans un lac. La voiture glisse joyeusement à chaque virage, un comportement renforcé par la monte pneumatique de série, ce qui nous pousse à jouer avec le volant et à profiter des quatre roues motrices pour garder le contrôle et repartir pied au plancher. En mode Cupra, la DSG enchaine les rapports à une vitesse assez impressionnante et le 300 chevaux vous collent littéralement au siège dès qu’un semblant de ligne droite se profile. Dans cette même configuration, l’échappement ainsi que le résonateur produisent un son rauque et des pétarades caractéristiques à chaque passage de rapport, un bruit qui participe au folklore et qui nous mettrait presque dans la peau d’un pilote de rallye.

À la fin de cette première journée, les forêts laissent peu à peu place à des panoramas plus étendus et aux grands lacs. Nous quittons les pistes pour des routes plus roulantes, et alternons entre les différents modes de la voiture pour constater ce côté « couteau suisse » plutôt bienvenu donc elle fait bénéficier ses occupants. Voiture familiale pour papa/maman friand de sensations, elle sait transporter la petite famille relativement confortablement mais aussi être la plus rapide et un monstre d’efficacité quand il le faut. Une fois le terrain et la voiture appréhendés, cette première étape nous a permis de constater l’efficacité de la transmission intégrale et le comportement très sain de la SEAT Leon Cupra sur piste.

Le soleil se couche sur le lac qui borde notre hôtel, établissement typique et perdu en pleine forêt dans lequel Vladimir Poutine a dormi la semaine dernière et y a rencontré le président finlandais nous a-t-on raconté… Une fois l’étape traditionnelle du sauna à 70° puis de la baignade dans l’eau du lac à 12° passé, place au diner et au repos : demain, on a de la route !

Jour 2 : Punkaharju > Helsinki, 450 km, 8 heures

8:00, 12 degrés, l’air est vivifiant et les voitures sont recouvertes de rosée. Les nuits scandinaves sont déjà fraîches mais la lumière au petit matin est tout simplement sublime.

Après les pistes de la veille, place aujourd’hui à notre second jour en terres finlandaises avec des portions en bitume au milieu des lacs, et de l’autoroute pour rallier Helsinki au volant de notre Leon Cupra ST.

Avant de reprendre le volant, intéressons-nous brièvement à l’intérieur. La présentation générale n’a pas été bouleversée par le restylage, et dans un sens c’est tant mieux… Les jolis baquets, l’alcantara sur les contreforts de porte et le volant siglé Cupra trahissent la vocation sportive de notre break mais c’est à peu près tout. La SEAT Leon n’a jamais été aussi proche de sa cousine germanique, la Volkswagen Golf… Dans un sens, on hérite de la tristesse et de l’austérité de l’habitacle allemand, mais cela profite aussi à la qualité des matériaux et des assemblages.

Mis à part quelques plastiques disgracieux sur les parties basses, la planche de bord a fière allure avec un revêtement moussé et des finitions soignées. La présentation est elle très classique et sans grande fantaisie, mais sert une très bonne ergonomie avec un nombre réduit de boutons. Un nouvel écran tactile de 8 pouces à la réactivité hasardeuse intégrant CarPlay et Android Auto fait son apparition, l’interface n’est ni la plus jolie, ni la plus intuitive qui soit, mais elle fait le job. L’instrumentation digitale (ou Virtual Cockpit) à la place des compteurs fera quant à elle son apparition en 2018 sur la gamme complète. Terminons ce tour intérieur avec l’habitabilité, qui est dans la moyenne de la catégorie puisque proposant 5 vraies places et une malle de 587 litres.

L’hôtel est situé à la sortie de l’une des plus belles routes du pays, baptisée Punkaharjun Harjutie (à vos souhaits), nous empruntons ce fin bandeau d’asphalte entouré d’un tunnel de sapins et volons littéralement sur l’eau. Une succession de panoramas à couper le souffle, de ponts et de grandes courbes dans les bois : un véritable régal de route sur laquelle on aimerait faire des allers-retours pendant plusieurs heures tant le spectacle change en fonction de la lumière.

Mais, on a de la route, beaucoup de route même, direction plein Sud ! La Finlande est le pays au monde qui compte le plus de lacs (180 000 exactement), les routes serpentent à travers les terres encore non-immergées et nous franchissons un nombre incalculable de ponts. Plus faible concentration d’habitants d’Europe oblige (18 au km²), les routes bitumées sont assez peu fréquentées et donc dans un état irréprochable avec un asphalte parfait. Le dynamisme de la Leon Cupra montre ici tout son potentiel, et le gentil break familial se transforme alors pour devenir la reine du Nürburgring.

Le duo moteur/boîte, tout d’abord, sied parfaitement au caractère bipolaire de la voiture : il sait être doux en conduite coulée mais rageur en mode Cupra, on atteint d’ailleurs des vitesses assez ahurissantes sans vraiment s’en rendre compte tant l’excellente DSG égraine les rapports à une vitesse éclair et sans a-coups. Les quatre roues motrices permettent des accélérations et reprises franches et efficaces sans craindre de perdre de la motricité, le tout dans un bruit d’échappement relativement sympa sans être exubérant. La direction manque toutefois de consistance et de remontée d’informations à mon goût, le rendu est trop artificiel. Même si réglée en mode Cupra, on ne sent pas vraiment ce qui se passe sous les roues, dommage.

Les liaisons au sol sont quant à elle au top de ce qui peut se faire : avec un centre de gravité placé assez bas et un différentiel auto-bloquant, la Leon enchaîne sans broncher et sans accuser le moindre roulis les courbes des départementales finlandaises, le tout est rassurant et rend la conduite sportive relativement accessible à n’importe quel quidam. Collée au sol, seuls les freins vous feront comprendre au bout de longues minutes à la malmener qu’il faudra lever le pied. Mention spéciale aux superbes baquets Cupra (en option à 1180 €), qui proposent un excellent maintien. La Finlande est de toutes façons le pays où il doit y avoir le plus de radars automatiques, et les sanctions en cas d’excès de vitesse sont relativement salées (250 € pour 20 km/h en trop), alors levons le pied…

L’échappement crépite, les freins ont chaud, tant mieux parce qu’il est temps de prendre le ferry : pas de ponts partout, l’étape du bon vieux bac est au programme et nous traversons un immense lac à bord du Kietävälän Lossi. Je ne suis pas allé jusqu’à compter le nombre le lacs que nous avons traversé ou longé, mais le rallye des Mille Lacs que nous empruntons porte effectivement bien son nom. Le plus fou dans tout ça ? On ne s’en lasse pas, de la lumière à la végétation, chaque étendue d’eau à ce truc qui la différencie de l’autre. Les Finlandais aiment leur nature et les lacs sont tous bordés de chalets avec chacun leur ponton et leur petite embarcation.

Je m’étonne de la polyvalence de la SEAT Leon Cupra 4Drive avec un confort plutôt soigné en mode… Confort (merci la suspension pilotée). Nous laissons derrière nous les dernières pistes de terre et la région des grands lacs, nous arrivons dans des paysages de campagne et les nationales sont plus roulantes. Ces dernières sont limitées à 80 km/h et passent même à 60 km/h dès qu’une intersection se présente, le tout joyeusement contrôlé par des cabines… C’est le moment de se reposer, de faire de l’éco-conduite (7 l/100 km de moyenne à 80 km/h), et nous amusons donc avec les aides à la conduites introduites par le dernier restylage dans le pack Drive Assist (option à 745 €) : reconnaissances des panneaux, régulateur adaptatif (ACC) et contrôle de trajectoire en place, la voiture règle sa vitesse en fonction de celle qui la précède jusqu’à s’arrêter et redémarrer seule (avec la DSG), tout en corrigeant automatiquement sa trajectoire en se calant sur les lignes blanches. Un ersatz de conduite autonome qui nous permet de faire du tourisme et de profiter des derniers instants sur le sol finlandais.

Notre périple touche à sa fin, et c’est non sans émotions que nous laissons notre Leon recouverte de boue séchée et de poussière sur le parking de l’aéroport. Bonne à tout faire, cette Leon Cupra ST m’aura joyeusement surpris tout au long de notre parcours. Saine et prévenante sur piste grâce à sa transmission intégrale 4Drive, elle nous aura également montré tout son potentiel sur asphalte avec une puissance démoniaque et des liaisons au sol parfaitement calibrées. Sa suspension adaptative ainsi que ses modes de conduite lui confèrent une polyvalence bienvenue.

Hormis la Volkswagen Golf R SW, elle fait de toute façon office d’ORNI sur le marché : proposée à 40 210 € (+3 473 € de malus), elle offre un rapport prix/équipements/performance on ne peut plus attractif et un compromis parfait entre sportivité et confort. La voiture parfaite en somme ? Pas loin.