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Essai de la Tesla Model S P90D : le futur n’a jamais été aussi proche

Photo essai Tesla Model S P90D (2016)

French Driver vous emmène, le temps d’un week-end, à bord de la plus extrême des Tesla : découvrez notre essai de la nouvelle Tesla Model S P90D équipée du mode Ludicrous !

Présenter un constructeur comme Tesla, c’est avoir mille choses à raconter. Pourtant, cette jeune compagnie américaine ne possède pas le glorieux passé de nos illustres marques européennes. Pourtant, force est de constater qu’à l’allure et l’élan que prend ce constructeur, il est en train de rattraper ses quelques décennies de retard. Elon Musk, le visionnaire que l’on ne présente plus, a encore eu le nez creux à ce sujet et visiblement, quand il s’agit de mobilité, il semblerait là aussi que l’Américain soit en avance sur son temps.

Proposer une voiture entièrement électrique pouvait paraître totalement saugrenu il y a quelques années. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons qu’apprécier cette technologie même si elle soulève encore quelques interrogations, qui ne tarderont pas à être mises sur le devant de la scène après l’immense succès des commandes de la future Tesla Model 3. J’entends par là le fait qu’il ne serait pas étonnant de voir surgir du jour au lendemain un immense scandale concernant les émissions polluantes résultant de la fabrication des batteries par exemple. Les conséquences logiques d’un succès grandissant qui peut déranger, certes, et ce n’est pas la Tesla Model S P90D que nous avons pris en main le temps d’un week-end qui nous contredira.

Essai Tesla Model S P90D : premières impressions

Photo statique arrière Tesla Model S P90D (2016)

Plus désirable que jamais, la Tesla Model S vient de s’offrir un léger lifting en ôtant sa calandre noire laquée au profit d’un bouclier uni laissant apparaître un léger liseré noir enveloppant le bloc marque. Notre version d’essai, toujours affublée de l’ancienne face avant, est certainement l’une des plus belles berlines du marché.

Sans extravagance mais d’une redoutable efficacité, le style est sobre et efficace, le « packaging » annonce clairement la couleur et laisse présager tout l’attirail technologique qu’elle renferme. « Harmonieuse » semble être l’adjectif idéal pour qualifier cette berline électrique de quasiment cinq mètres de long à l’allure statutaire.

L’ensemble est à l’image, nous le verrons, de l’habitacle, très épuré, avec l’intégration d’optiques très fines à l’avant, en osmose avec les lignes et les pincements de carrosserie. Seul le dessin des feux arrière, un poil grossier à mon goût détonne, mais il est globalement difficile de trouver la moindre faute de goût visuellement parlant.

Essai Tesla Model S P90D : vie à bord

Photo tableau de bord Tesla Model S P90D (2016)

À l’intérieur c’est le dépaysement le plus total. J’entends par là le fait que tous les codes propres à nos voitures thermiques sont balayés au profit d’un habitacle à 95% numérique, où seul quelques indispensables commandes physiques survivent. Les aficionados reconnaitront les commodos utilisés chez Mercedes, mais c’est bien là un des seuls éléments semblables à nos voitures actuelles. Avant de se pencher sur l’interface numérique, il est important de souligner le travail réalisé par Tesla concernant la qualité des matériaux, de très bonne facture mais il est vrai, parfois mal assemblés, en témoigne la jonction entre le panneau de porte et les montants.

À l’image de ce qu’elle dégage à première vue, l’ensemble est très épuré, avec l’incorporation d’un immense écran de 17 pouces (43 centimètres de diagonale), qui est bien évidemment le plus imposant du marché comparé aux écrans classiques de 7 ou 8 pouces. Avec une définition de 133 pixels/pouce, la qualité d’affichage est surprenante et la finesse étonne, la dalle est de bonne qualité même si elle ne possède pas l’angle de vision optimal pour une utilisation par le passager.

L’écran principal regroupe absolument toutes les données relatives à l’utilisation de la voiture et à la connectivité. Les informations liées à la conduite sont quant à elles déportées au niveau de l’écran prenant la place de l’instrumentation physique classique. Sur l’immense tablette donc, il est possible de commander l’intégralité de la voiture, d’activer le mode Ludicrous, permettant de disposer de l’intégralité de la puissance des deux moteurs électriques, d’ouvrir et fermer au pourcentage près le toit ouvrant, de connaître sa consommation moyenne et les prévisions futures, d’afficher la carte via Google Earth ou encore de naviguer sur internet.

Essai Tesla Model S P90D : sous le capot

Photo supercharger Tesla Model S P90D (2016)

Une fois n’est pas coutume, pas de pistons, de cylindres, de combustion ou mieux encore de gaz d’échappement. Chaque Model S est identifiée et identifiable par un nombre faisant référence à la capacité de sa batterie (90 kWh nous concernant). Le P symbolise les modèles « Performance » de la marque et le D signifie « Dual Motor » en référence au second moteur situé sur l’essieu avant, une technologie inaugurée en 2014 sur la P85D qui devient ainsi une quatre roues motrices et non plus une propulsion. Remplaçante de la P85D, la P90D se voit affublée d’une plus grosse batterie donc mais également de moteur plus puissants, avec un bloc électrique de 263 chevaux à l’avant et 510 chevaux à l’arrière. Puissance cumulée 772 chevaux donc ? Raté. 469 chevaux utilisables et 539 chevaux avec l’overboost Ludicrous (en option facturée 11.200 €), exploitables après cinq bonnes minutes d’utilisation.

À vrai dire, au delà de la puissance, c’est son couple disponible instantanément qui impressionne davantage. 967 Nm de couple disponibles d’emblée, capable de propulser à une vitesse inavouable les 2,2 tonnes de l’engin. Les deux moteurs quant à eux ont aussi leur importance, puisqu’ils permettent de se passer d’un différentiel, d’un arbre de transmission et d’une boîte de vitesse. Ainsi, le couple est distribué indépendamment aux roues avant et aux roues arrière.

Et côté consommation, ça donne quoi ? Et bien avec ses 509 km d’autonomie annoncés en cycle NEDC, on ne peut qu’enterrer définitivement toutes sortes d’énergies fossiles existantes. Bien entendu, les 509 km s’avèrent bien utopiques une fois au volant d’un tel engin, mais force est de constater qu’il est possible de s’éloigner sans trop de soucis des villes et des bornes de recharge avant de réellement s’inquiéter. Cependant, avec ce type de voitures, il est impossible de ne pas planifier chaque sortie. Tout est rythmé par la possibilité de recharger ou non son véhicule. Pour cela, les Superchargeurs sont idéaux et donc implantés un peu partout en France, en particulier dans le sud du pays. Pour le reste, les bornes publiques peuvent être utilisées sans soucis, mais oubliez la recharge complète en moins d’une heure. Tesla propose également un adaptateur secteur pour votre domicile, avec la possibilité de rechercher sur une prise classique jusqu’à 13A. À cette allure ne comptez même pas une nuit de recharge, mais plutôt une journée entière pour faire le plein d’énergie. Logique pour une capacité de 90 kWh cela dit.

Essai Tesla Model S P90D : sur la route

Photo essai route Tesla Model S P90D (2016)

Pour ceux qui ont déjà eu la chance de prendre en main une Tesla, nous serons tous d’accord pour dire qu’il s’agit véritablement d’une nouvelle expérience de conduite. Totalement silencieuse, le bruit des moteurs électriques se traduit par un simple sifflement à chaque accélération, annihilé par les inévitables bruits de roulements et autres sons aérodynamiques. Au delà de cet incroyable mode Ludicrous permettant de dévorer le 0 à 100 km/h en à peine 3 secondes, on appréciera, outre ses performances, son confort remarquable, dans la lignée de ses concurrentes. Un confort de conduite d’une part avec une direction très souple et un comportement plutôt conventionnel quand on ne la chatouille pas, et un confort pour les passagers d’autre part, grâce à l’indispensable option « Smart Air » tout aussi remarquable qu’une suspension Hydractive III+ de chez Citroën. Attention cependant à l’usure prématurée des pneumatiques avec cette option magnifiant le confort et permettant de piloter la hauteur de caisse, néanmoins assez néfaste pour les gommes.

Tout est vraiment orienté vers le bien-être dans cette voiture, que cela passe par la direction, le confort, le maintien des sièges ou encore, comme évoqué plus haut, par ses suspensions. Et ce n’est pas cette indispensable option « Pilotage automatique » facturée 2.800 € qui nous fera dire le contraire. Grâce à une multitude de caméras et de capteurs qui analysent en temps réel la chaussée, votre Tesla est capable d’avaler des kilomètres sans même à avoir à intervenir sur le volant. Le régulateur adaptatif, le maintien sur les voies, l’avertisseur d’angles morts et le dépassement automatisé (une fois le clignotant activé) sont autant d’éléments rendant cette voiture sensationnelle, presque aux frontières de la science fiction.

Il est vrai que ce système d’autonomie ou plutôt de semi-autonomie des voitures, nous sommes déjà habitués à le voir à travers de multiples démonstrations vidéo. Mais une fois que l’on a le bonheur de toucher à une version vraiment aboutie, le laps de temps entre l’adaptation et la mise en confiance est étonnamment court. Entendez par là le fait qu’aux premiers tours de roues, notre concentration, engendrée par notre étonnement et notre curiosité nous assure une sécurité quasi optimale. Le piège est donc ici de faire une confiance aveugle envers cette technologie certes aboutie, mais toujours susceptible de faire une petite erreur (notamment dans notre cas lors d’un virage un peu trop marqué) qui peut s’avérer par la suite dramatique si le conducteur ne réagit pas au plus vite. La voiture vous rappelle néanmoins à l’ordre si vous n’avez agi sur aucune des commandes durant un certain laps de temps.

Essai Tesla Model S P90D : en bref

Photo statique profil Tesla Model S P90D (2016)

Difficile de résumer brièvement une telle voiture tant elle est extraordinaire. Même après une première prise en main convaincante d’un modèle moins performant que cette P90D, on arrive encore à être bluffé par cette expérience de conduite tout droit sortie d’un film de science fiction. S’émerveiller devant une application pour smartphone, qui permet de verrouiller ou déverrouiller sa voiture, régler la ventilation, paramétrer ses recharges ou encore klaxonner, rêver devant une accélération fulgurante, être fasciné par un volant et une vitesse qui se régulent seuls et sur la durée… Des choses qui peuvent paraître simples mais au final tellement abouties, ce qui n’est pas sans rappeler les quelques adages populaires, prônants la simplicité comme étant la chose la plus difficile à développer.

Dans l’air du temps, Tesla est une entreprise moderne tant par sa vision du monde que par l’originalité de ses produits : si simples et si complexes à la fois, épurés au maximum, comme façonnés par les vents de l’ouest californien. L’image véhiculée de l’extérieur tend à nous faire croire à une jeune start-up américaine ayant su évoluer rapidement, mais tout ça n’est que façade devant le chemin parcouru par Elon Musk et son ambitieux projet, mais également devant la route encore à parcourir avant de démocratiser pleinement non pas cette nouvelle forme de mobilité, mais cette nouvelle façon d’appréhender l’automobile.

Essai Tesla Model S P90D : Fiche Technique

Photo essai Tesla Model S P90D (2016)

  • Moteur avant : Électrique à induction
  • Moteur arrière : Électrique à induction
  • Puissance maximale : 469 ch DIN (396 kW) de 4.000 à 8.500 tr/min (539 ch DIN avec l’option Ludicrous)
  • Puissance fiscale : 9 CV
  • Couple moteur : 967 Nm de 100 à 3.900 tr/min
  • 0 à 100 km/h : 3,3 secondes (3 secondes avec l’option « Ludicrous »)
  • 0 à 200 km/h : 13,8 secondes
  • Vitesse maxi : 250 km/h
  • 80 à 120 km/h : 2 secondes
  • 400 mètres départ-arrêté : 10,9 secondes
  • 1.000 mètres départ-arrêté : 22,2 secondes
  • Transmission : Intégrale
  • Boîte de vitesses : Automatique à variation continue
  • Pneus AV : 245/35 R21
  • Pneus AR : 265/35 R21
  • Freins AV : Disques ventilés (355 mm)
  • Freins AR : Disques ventilés (365 mm)
  • Suspensions avant : Double triangles, pivot découplé
  • Suspensions arrière : Essieu multibras
  • Longueur : 4.970 mm
  • Largeur : 1.964 mm
  • Hauteur : 1.370 mm
  • Empattement : 2.960 mm
  • Diamètre de braquage : 11,3 mètres
  • Volume de coffre : 834 litres – 1.792 litres
  • Poids à vide : 2.187 kg
  • Rapport Poids/Puissance : 4,3 kg/ch – 232 ch/T – 170 kW/T
  • Consommation Mixte : 0 l/100 km
  • Capacité batterie : 90 kW/h
  • Autonomie en cycle mixte (NEDC) : 509 km
  • Emissions de CO2 : 0 g/km (Bonus : +6.300 €)
  • Année de lancement : 2016
  • Prix de base : 70.800 €
  • Prix du modèle essayé (hors options) : 119.100 €
  • Prix du modèle essayé : 146.000 €

Équipements du modèle essayé : Tesla Model S P90D

  • Chargeur intégré pour puissance élevée (1.700 € à la livraison, 2.100 € après livraison)
  • Diffuseur arrière en fibre de carbone (1.100 €)
  • Étriers de frein rouges (0 €)
  • Fonctionnalité pilotage automatique (2.800 €)
  • Mode Ludicrous (11.200 €)
  • Pack climat glacial (1.100 €)
  • Pack d’extensions Premium (3.400 €)
  • Son très haute fidélité (2.800 €)
  • Suspension Smart Air (2.800 €)

Photos : essai de la Tesla Model S P90D

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Yann Lethuillier

Mange du pneu, boit de l'essence et dort sur l’asphalte.

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